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Échos de la cousinade diocésaine : l’homélie de Mgr Moutel

Voici l’homélie prononcée par notre évêque Monseigneur Denis Moutel lors de la messe qui a clos la journée de cousinade du samedi 9 octobre à Quessoy (La Ville-Davy).

Photos : diocèse de St-Brieuc et Tréguier (merci Jean-Louis, Justine !). On pourra voir d’autres photos et un compte-rendu détaillé de cette journée en suivant ce lien : https://saintbrieuc-treguier.catholique.fr/cousinade2021/

Cet événement de la cousinade à la mode de Bretagne était attendu depuis
longtemps. Il arrive à l’issue d’une semaine de vérité. Nous sommes consternés par
l’ampleur du drame qui a été révélé par le rapport de la commission présidée par M.
Jean-Marc Sauvé. Par ces violence sexuelles commises dans l’Église par des prêtres ou
religieux depuis 1950, des vies ont été saccagées, blessées durablement, parfois
détruites.
Si bien que les retrouvailles avec la famille « Église » peuvent avoir aujourd’hui
quelque chose de compliqué. Quand on retrouve les cousins, il est désagréable de devoir
rencontrer ou même porter leurs défauts, leurs péchés, et d’être compromis par leurs
turpitudes. Certains éprouvent de grandes difficultés à se reconnaître « de la famille » : je
comprends cela et je le respecte.

La question que nous portons tous en tous cas ressemble à celle que pose cet
homme jeune que Jésus rencontre : « Que dois-je faire … pour avoir la vie éternelle en
héritage ? » Que dois-je faire ? Que devons-nous faire ? Certains doutent de la capacité
des évêques à faire quoi que ce soit. Je veux vous dire ma détermination à recevoir et à
travailler toutes les recommandations du rapport de la CIASE.

Que devons-nous faire ? La tenue de cette journée, par la volonté persévérante
des générations plus jeunes, est déjà une belle réponse et une indication de la direction
que nous pouvons prendre. pour nous aider à former, malgré tout la famille de Dieu. Il
est bon aussi de pouvoir s’appuyer les uns sur les autres.
• Il est bon d’accueillir avec bienveillance les initiatives de tous, de les encourager,
de permettre qu’elles se réalisent, comme c’est le cas aujourd’hui. Entendons la
voix de ceux qui veulent renouveler nos manières de nous rencontrer, de célébrer,
de nous engager.
• Il est bon aussi de se parler, de nous écouter les uns les autres, de déposer nos
émotions, nos colères, nos douleurs, mais aussi notre espérance.
• Il est bon d’entrer bientôt dans le synode de l’Église pour accueillir la manière
juste d’être en relation les uns avec les autres, de nouvelles formes de
gouvernance et d’engagement, une plus grande participation de chacun.
N’attendons pas tout d’en haut. Le synode de l’Église qui s’ouvre aujourd’hui, c’est
le moment pour prendre sa part, pour apporter sa pierre, avec exigence, avec
courage, avec l’accueil de la diversité des points de vue.

Permettez-moi d’avoir aussi une parole pour les prêtres qui s’efforcent, avec
leurs qualités et leurs défauts, de marcher avec vous vers le Seigneur et son Royaume. Ils
n’attendent pas d’être vénérés, mis sur un piédestal ; il n’est pas bon non plus, pour eux
ni pour moi, d’être enfermé dans la solitude du décisionnaire de toutes choses. Ils
attendent un partage de leur engagement pastoral, une vie fraternelle, une plus grande
proximité avec vous, même s’ils n’y arrivent pas. Merci à vous, frères prêtres. Merci à
vous, frères et sœurs dans le Christ, d’être avec eux dans la bienveillance et l’exigence.

Nous entendons aussi la proposition de Jésus au jeune homme riche « … viens
et suis moi ! » Comme vivre du Christ aujourd’hui et avec lui ? Comment être avec lui
dans sa résurrection mais aussi sur le bois de la croix ? Comment accepter de demeurer
un moment dans l’ombre de la mort, dans la lucidité sur les violences et les crimes ?

Comment implorer le salut de Dieu quand la vie a été tuée dans le lieu même où l’on
devait annoncer le salut ? Comment pourrait-on vivre du Christ sans remettre au centre
les personnes victimes des violences, sans reconnaître le Christ en chaque personne
outragée ?
Viens et suis-moi. Nous voulons suivre le Christ … je veux suivre le Christ en
acceptant de me laisser convertir, en entrant dans une plus grand humilité. Vous m’y
aiderez ; nous nous y aiderons.

Jésus a tellement compris la disponibilité intérieure de son interlocuteur qu’il
l’invite à aller plus loin encore. Il pose sur lui son regard et voit pour lui des choses plus
grandes encore. Mais l’homme du récit évangélique est bloqué dans son désir de bien
faire ; il est tellement préoccupé par son projet qu’il ne peut plus accueillir celui de Jésus.
Il y a des encombrements, des surcharges, qui ne nous permettent pas de passer la
porte de la solidarité, de l’attention aux autres, de la vie avec Dieu … nous sommes un
peu comme ces chameaux qui ne passaient qu’à grand peine la porte basse des
murailles de Jérusalem.
Nous sommes au cœur de l’Évangile : il s’agit d’accueillir un bien supérieur à
tous les autres, qui ne peut s’acheter ni se vendre, qu’il faut simplement recevoir, l’amour
qui est dans le Christ Jésus, le Sauveur. Suivre Jésus, c’est l’écouter et lui demander
jour après jour ce qu’il veut faire avec nous et accueillir ce qu’il fait déjà en nous par son
Esprit Saint.

Que le Seigneur de justice et de miséricorde nous conduise sur le chemin d’une
vie nouvelle. Qu’il nous aide à habiter vraiment sa maison, avec un cœur droit et aimant
et à devenir de plus en plus frères et sœurs.

+ Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Quessoy – La Ville Davy — Cousinade diocésaine
Samedi 9 octobre 2021

 

Un groupe souriant
Gaëtan à l’écoute

 

Célébrants

Fest-noz
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