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Les croix de Coadout (Côtes d’Armor- 22)           

 

 

 

Les croix de Coadout

Coadout est un petit territoire, avec néanmoins un patrimoine important : un château doté d’une chapelle, une église, une fontaine, cinq croix. L’histoire de ces dernières a pu être mise en lumière grâce à divers documents paroissiaux, dont le Cahier de Paroisse initié à la fin du XIXe siècle puis recopié et enrichi dans la première moitié du XXe. Évoquons ces croix, parfois liées à l’histoire de familles coadoutaises.

Croix en bas du bourg (1770)

1 Croix Brigant Coadout                                    2 Coadout Croix Brigant détail

Coadout (22) – Croix érigée par messire Le Brigant, recteur de Coadout, en 1770 – Le bas-relief (photo de droite) est probablement du XVIe  siècle.

 

Parfois qualifiée de calvaire, cette croix fut érigée en 1770 par le recteur d’alors, messire Le Brigant. Située non loin de l’église, au carrefour des routes de Moustéru et de celle de Trédran, cette croix, « vu son bel emplacement et sa grande table, sert de nos jours de reposoir pour les fêtes-Dieu et les Rogations », indiquait il y a une centaine d’années le Cahier de Paroisse, auquel on doit aussi l’anecdote qui suit. « Un temps fut, un alambic s’installait au pied de cette croix et y restait quelques semaines. Et ce n’était pas beau. Dès 1955, le recteur de Coadout y mit bon ordre en entourant le terrain vague où se dresse ce calvaire de fils de fer barbelés. Le marchand d’eau-de-vie n’aura plus désormais la tentation d’y revenir de sitôt. Des plants furent plantés, mais aucun ne prit racine. » Faut-il croire que le lambig avait stérilisé la terre ?

Sous la Révolution de 1789, le calvaire fut plus ou moins détérioré. Il eut plus de chance que les quatre chapelles de la paroisse, qui furent démolies par les révolutionnaires.

Après 15 années passées en tant que recteur de Coadout, messire Le Brigant quitta son poste en 1776, à moins que cette année ne fût celle de son décès. Ci-dessous : sa signature.

2 bis Signature Le Brigant

 

Croix Landoys-Cornic                   

            

3 Croix Landoys CornicCoadout (22) Croix Landoys-Cornic (1839)

Sur l’axe Coadout-Bourbriac par l’ancienne route, au carrefour de la route de Guerguével, se trouve une croix de 1839, érigée par la famille Landoys-Cornic. L’inscription sur le socle est FFP [Fait Faire Par] Jean Landoys et C. Cornic 1839. Or, Jean Landoys, alors maire de Coadout, est décédé à 50 ans le 13 octobre 1839. En août de la même année, il signait encore les registres. Cette croix a-t-elle été érigée en guise de prière pour obtenir une guérison ? Ou encore comme prière pour le défunt ? Simples hypothèses. Elle a pu être simplement offerte par ce couple, sans rapport avec une maladie, mais la coïncidence est troublante. Quant à Catherine  Cornic, née à Coadout comme son époux, et qualifiée de « rentière », elle décède le 7 janvier 1880, âgée de 75 ans. On peut supposer que cette famille vivait dans une certaine aisance, ce qui est généralement le cas des familles faisant construire une croix ou un calvaire.

4 inscr° Landoys-Cornic Croix Landoys-Cornic (1839) : inscription

Croix de mission au cimetière (1864)

5 Croix cimetière CoadoutCoadout (22) Croix Hernot au cimetière

 

CROIX DE
MISSION
1864
M. MICHEL, maire
Yves HERNOT, Sculpteur à Lannion
M. COLAS, recteur

En 1864, la paroisse vécut une mission du 24 avril au 1er mai. Comme il arrivait parfois, une croix fut érigée à cette occasion, pour garder la mémoire de l’événement. Il s’agit de la croix du cimetière, œuvre d’Yves Hernot (de Lannion). Elle fut bénie le 1er mai 1864 par le chanoine Robin, vicaire général et curé doyen de Guingamp en présence du prédicateur de la mission, le père Le Page, du recteur Guillaume Colas et de Joseph Michel, maire. Pour les fidèles, la prière de trois Ave Maria valait 40 jours d’indulgence. Ces éléments ont sans doute été gravés sur les parties cylindriques qui surmontent le socle, mais l’état actuel des pierres, couvertes de lichens, ne permet pas d’en déchiffrer la teneur exacte.

La croix avait coûté 1316, 65 francs, les paroissiens ayant contribué par une quête pour 791, 30 F, la fabrique ayant fourni le reste.

À cette époque, du moins à Coadout, des missions plus ou moins importantes avaient lieu assez fréquemment. Il y en eut une en 1874, une autre en 1914 . Elles sont mentionnées : les années 1874 et 1914, à la suite de 1864, sont gravées sur le socle de la croix.

 

La Croix des Quatre-Vents (1864, en haut du bourg sur la D 63) 

6 Quatre-Vents Coadout                                                                                                                      7 Quatre-Vents Christ en Croix

Coadout (22) Croix des Quatre-Vents (haut du bourg)

« Un calvaire en bois se dressait à l’angle des routes de Grâces et de Guingamp. Le recteur [abbé Le Roy] entreprit de la reconstruire au même endroit, mais en granit cette fois. Une souscription fut ouverte par lui dans la paroisse, qui lui permit de mettre son projet à exécution. « Il fallait, disait-il, puisque l’on chasse les crucifix des écoles, les montrer sur les routes afin de rappeler aux chrétiens le chemin de la Croix qui est le seul qui conduise au Ciel ». De fait, il y avait eu des pressions pour supprimer les crucifix des écoles et des mairies, pour des raisons de laïcité. En 1882, il y eut une querelle à propos du crucifix qui se trouvait alors à la mairie. Finalement, la municipalité conduite par le maire Pierre Jouan décida d’acheter un crucifix qui fut placé dans la salle de la mairie.

La Croix des Quatre-Vents fut abattue par la tempête en 1911, « découronnée par un vent violent ». « Un  nouveau calvaire, avec fleurons cette fois, fut sculpté aux ateliers de Pierre Léon, de Guingamp, dans une pierre de granit de Kersanton. Sous le rectorat de l’abbé Yves-Marie Goasdoué, la bénédiction de cette Croix eut lieu le 4 février 1912. Elle avait été plantée le vendredi  26 janvier précédent, cette fois à l’angle opposé à la première, plus près du bourg, où elle se trouve toujours. Elle coûta 220 F. »

Sur une des pierres du socle, une inscription rappelle probablement le nom des fondateurs de la première Croix : FFP [fait faire par] LES HERITIERS DE Cne [Catherine ?] LE BON 1864.

  • 8 Quatre-Vents inscription

    Kroaz-Lore (Croix du Laurier, ou Croix de Parc-Lucas.) – 1871

    9 Parc Lucas Kroaz-Lore                                                                                                                                                                  10 Parc Lucas Kroaz-Lore Christ

Coadout (22) – Kroaz-Lore (Parc-Lucas) – 1871

Cette croix, abîmée par les intempéries, et signée Y. Hernot est située au milieu du carrefour proche de ce village, sur le passage d’une ancienne voie romaine. Son nom de « Kroaz-Lore » (Croix du Laurier) vient du fait que, jusqu’à l’empierrement de l’ancienne voie romaine, un laurier de trouvait derrière elle. À l’occasion de ces mêmes travaux routiers, l’orientation de la croix fut modifiée.

Nous en connaissons l’origine. En effet, par une délibération du 23 juillet 1871, le Conseil Municipal cède « un petit terrain de 9 m2 sans valeur pour la bâtisse d’une croix de chemin sous le nom de Croix du Laurier, situé sur l’ancienne route du château du Bois de la Roche à Bourbriac, où il se trouve deux arbres de chênes extrêmement vieux et vécus, évalués […] à 6 francs seulement…

Le sieur Le Druillennec Joseph, habitant de cette commune, a l’intention d’y faire bâtir une belle croix de la carrière de Lannion […] dont le prix est déjà accordé à 400 francs ».

C’est donc après une transaction avec le Conseil municipal que fut érigée cette croix (merci à Claudine Derrien pour ce renseignement).

L’actuelle face Est du socle comporte l’inscription « O Crux ave, spes unica » (Ô Croix, salut, unique espoir) et l’année : 1871. La face Sud recèle le nom du donateur et de son épouse : « Joseph Le Druillennec époux de Marie-Renée Milon« . L’acte de décès de Joseph Le Druillennec  nous informe qu’il est mort à 47 ans le 3 janvier 1872. Au-dessus de son nom, on lit difficilement « Prière p.u. » ou « Prions p.u. » (Prions pour… ) Difficile à déchiffrer !

Si ce monument a été érigé comme une prière l’année précédant la mort du donateur, il constitue peut-être un monument votif signifiant une demande de guérison. Simple hypothèse une fois encore… Ces familles (dont les noms sont toujours portés dans la commune de Coadout) étaient liées depuis au moins le milieu du 19e siècle.

La croix funéraire du barde Dir-Na-Dor

11 Tombe de Yves Le Moal Dir-Na-DorCimetière de Coadout (22) Tombe de l’écrivain Yves Le Moal (Erwan Ar Moal- Dir na Dor)

Dir-Na-Dor (Acier ne rompt), est le nom de plume d’Yves Le Moal (1874-1957), journaliste, publiciste, poète, conteur et éditeur breton. Fondateur et rédacteur des périodiques en langue bretonne Kroaz ar Vretoned, Arvorig, Breiz et Breizadig, Yves Le Moal (Erwan Ar Moal) a vécu toute son existence à Coadout, dans sa maison de Kermabrouz. Son recueil de contes Pipi gonto (Pierrot aux contes) fut l’un des grands succès populaires de l’édition en langue bretonne. Il a également écrit 27 pièces de théâtre, des poèmes, des cantiques dont celui de Saint Iltud (Sant Iltud), patron de la paroisse et dédicataire de l’église. En effet, Yves le Moal fut aussi un catholique engagé.

La tombe de Dir-Na-Dor se trouve au cimetière de Coadout, à gauche de l’allée centrale menant à l’église. En granit rose, elle est ornée d’une croix celtique dessinée par l’abbé Jean Boulbain, artiste et professeur à l’Institution Notre-Dame de Guingamp. La réalisation est due à l’atelier Auffray, de Guingamp. L’épitaphe est extraite d’un des poèmes de l’auteur. La croix date de quelques mois après son décès.

12 11 Tombe de Yves Le Moal Dir-Na-Dor inscription

(Jef Philippe – 2020 – Texte et photos)

Sources :

Cahier de Paroisse rédigé par divers recteurs.

Coadout : Histoire, Patrimoine, Noblesse (commune du canton de Guingamp) (infobretagne.com)

Eglise Saint-Iltud (Coadout) (free.fr)  (Patrimoine d’Argoat)

coadout – photos patrimoine histoire – bretagneweb.com

COUFFON, René. Répertoire des églises et des chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939

 

 

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