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Échos et photos du pardon 2023 de Notre-Dame de Bon Secours

 

Ce fut un beau pardon, si l’on en croit les avis reçus ici ou là : le beau temps a sans doute contribué à ce succès. La presse s’en est faite l’écho : il y eut du monde, de la ferveur, des voix qui chantaient et qui priaient. « Écoute ce cri de notre âme… » chantait-on. On aurait pu y ajouter le refrain connu : « Comment ne pas te louer, Seigneur ? Comment ne pas te louer, Marie ? »

Avant de laisser place aux photos, prenons le temps de remercier celles et ceux qui se sont investis dans la préparation et la mise en œuvre de ce pardon, qui demande un grand nombre de bénévoles. Merci à Maurice et à André, qui ont piloté l’équipe de préparation globale. Merci aux aumônier et aumônière d’hôpitaux qui ont, entourés de bénévoles, préparé la messe du vendredi 30 juin, où furent accueillis des personnes qui, à cause de leurs maladies ou handicaps, ne sortent que rarement de chez elles. Merci à Yveline et son équipe musicale de Bégard pour leur présence à la messe du vendredi.  Merci à Jean-Cédric (organiste) et aux membres de la chorale, aux animateurs et animatrices, lectrices et lecteurs qui ont rendues vivantes et priantes la messe et la procession du samedi soir, ainsi que la messe du dimanche. Merci, bennozh Doue à Agnès et son équipe qui ont pris en charge le temps de prière du samedi. Merci à toutes les personnes qui se sont occupées des braséros remplaçant désormais les trois tantads : un sacré travail en vérité ! Merci à celles qui ont géré les cierges à l’entrée de la basilique, ainsi que les demandes de messes. Merci aux personnes qui ont accepté de porter croix et bannières, et, évidemment, la statue de Notre-Dame avec son Enfant. Merci au service d’ordre, aux dames qui ont fleuri la basilique. Merci aux organisateurs du repas (dimanche midi). Merci à Gilbert, qui a préparé et animé les vêpres du dimanche. Merci et félicitations aux Amis de l’orgue pour le beau concert de clôture, dont on verra les photos en cliquant sur ce lien : https://www.paroissespaysdeguingamp.catholique.fr/blog/2023/07/03/apres-le-concert-des-kanerion-pluigner-echos-dun-beau-succes/

Pardon s’il y a eu des oublis…

Le père Grégoire Cador, pardonneur 2023

Un grand merci au père Grégoire Cador, vicaire général du diocèse du Mans cher à notre curé l’abbé Christian Le Meur, et merci enfin à notre évêque Mgr Denis Moutel qui présida la messe du samedi. C’est le père Grégoire Cador qui prononça les homélies des messes du samedi soir et du dimanche matin 2 juillet : on trouvera ci-dessous les textes de ses interventions. Merci aux autres membres du clergé présents, prêtres, diacres… Aux pèlerines et pèlerins, merci d’être venus nombreux et fervents !

Un énorme merci, bennozh Doue à Notre-Dame de Bon Secours, notre patronne, Itron Varia ‘Wir Sikour : c’est par elle que nos prières de demandes et de louange montaient vers son Fils Jésus, et vers le Père.

 

Jef Philippe

Photos de la messe du vendredi : Notre Dame à la rencontre des santés fragiles

La messe était célébrée à l’intention des personnes malades ou handicapées. La messe était présidée par notre curé l’abbé Christian Le Meur, avec l’abbé Gladimir Museau, assistés de diacres. Les Hospitaliers de Lourdes accompagnaient les membres de l’aumônerie des hôpitaux, ainsi que des personnes visitant les malades.

 

 

 

Messe du vendredi, avec les Hospitaliers de Lourdes

 

Photos du samedi soir (messe, procession et tantads)

Mgr Moutel et le père Grégoire Cador (pardonneur 2023)

 

                          

À travers les rues de Guingamp

 

   

 

          

                                                      De solides porteurs

 

                                                                                                          

Porteurs de bannières (à g. Plouisy, à d. Guingamp)

   

 

Trois tantads traditionnels

 

Père Grégoire Cador, abbé Christian Le Meur, Mgr Denis Moutel

 

                                      

                                                     Retour à la basilique                                                                                                                                            Mot de conclusion et bénédiction de l’évêque

Notre Dame de Bon Secours de retour à la basilique

NB : notre ami Rémy Chermat a pris de velles photos du pardon, qui seront prochainement exposées dans la basilique

HOMELIES DU PERE GREGOIRE CADOR

 

Homélie du samedi soir 1er juillet

Textes :

  • Ex 19,2b-8
  • Ps 95
  • 1 Cor 12, 4a-11
  • Jean 2,1-11

 

Frères et Sœurs, chers amis.

Je ne sais pas trop ce qui a conduit l’évêque de St Brieuc à proposer au prêtre sarthois que je suis  de prêcher votre grand pardon… Mais j’en suis heureux et je le remercie.

En effet cela me donne l’occasion de revoir mon ami Christian Le Meur qui a servi quelques années au diocèse du Mans pour le grand bien des communautés chrétiennes du Nord-Sarthe.

C’est l’occasion aussi pour moi, encore une fois, de remercier Notre Dame, pour le secours qu’elle ne cesse d’apporter à mon existence d’homme et de prêtre.

« Avec Marie, faisons le choix de l’espérance », tel est le thème qui m’a été proposé rejoignant ainsi la récente lettre pastorale de votre évêque qui veut ouvrir avec vous de nouveaux chemins pour l’annonce de l’Évangile en Côtes-d’Armor.

L’espérance, la petite espérance qui marche entre ses deux grandes sœurs la foi et la charité comme nous le rappelle si joliment Péguy, est une vertu bien malmenée depuis quelques temps…

Les raisons de courber la tête et de se décourager sont tellement nombreuses autour de nous, que beaucoup n’y croient plus et ne veulent plus s’engager, ni même se mettre en marche.

Le slogan à la mode serait plutôt « Profitons de l’instant présent. « Carpe diem », et, après moi le déluge ! »

A l’aune des questions économiques, écologiques, éthiques ou bioéthiques, migratoires, identitaires, que sais-je encore, nous avons parfois l’impression de perdre le contrôle de notre existence ou d’être contraints de l’abandonner aux mains d’apprentis sorciers sans foi ni loi… La crainte et le découragement envahissent peu à peu le cœur de beaucoup d’entre nous.

J’ai même entendu récemment un jeune couple qui butait, au cours de sa préparation au mariage, sur la question de la fécondité. Ils affirmaient avec conviction que si l’on aime un tant soit peu les enfants, ce qui était visiblement leur cas, on ne pouvait décemment pas se permettre d’en mettre au monde au risque de les voir grandir dans un contexte si mortifère… Toto, – c’est le nom que je donne souvent au diable-, avait réussi à les décourager, à les démobiliser… « Laissez tomber, l’espérance est morte ! »

Quand on n’a plu de raison d’espérer, c’est-à-dire de mesurer le sens de son existence en regardant un peu plus loin que le bout de son nez ou le fond de son porte-monnaie, c’est l’inévitable repli sur soi qui fait son apparition. Et le repli sur soi c’est la victoire de Toto ! L’humain, créé à l’image de Dieu, n’est pas fait pour se replier, mais pour se déployer, s’ouvrir et se donner…

L’espérance est morte ! Elle est morte parce qu’après avoir patiemment sapé tous ses points d’ancrage on a voulu la remplacer par l’espoir des lendemains meilleurs bâtis à la force du poignet.

Saint Paul a raison quand il dit que «l’Espérance, ne déçoit pas parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs.» (Rm 5,5) L’espoir, quant à lui, se montre bien souvent décevant.

On a voulu nous faire croire, et c’est à quoi s’emploie le diable depuis la création du Monde, que c’est en nous-mêmes et seulement en nous-mêmes, que nous pouvions trouver des raisons d’espérer. Alors, comme Adam et sa douce moitié au jardin d’Eden, nous nous prenons les pieds dans le tapis en cherchant ces raisons autour de notre nombril, au lieu de lever la tête et de regarder l’horizon que Dieu nous propose. Résultat : nous nous retrouvons dans « l’effroyable nudité de l’Homme déshabillé de Dieu.»[1]

L’espérance, quant à elle, tient fermement la main de sa grande sœur la Foi. Elle s’enracine dans la Foi, ou pour être plus juste, elle s’enracine en Dieu grâce à la Foi.

La lettre aux Hébreux nous dit que «La Foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.» (Hb, 11,1)

Croire en Dieu, c’est lui faire confiance. C’est adhérer à sa parole. Croire en Dieu, c’est aussi croire « en Dieu », c’est-à-dire s’installer en Lui, « demeurer » en Lui, pour reprendre l’expression du Christ au chapitre 15 de l’évangile de Saint Jean. Il s’agit de bâtir notre vie sur Lui à partir de Lui… « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.» (Luc 1,38) répond Notre Dame du Bon Secours à l’Ange Gabriel… C’est le refrain de toute sa vie.

Ce refrain, elle le reçoit de la Tradition de ses ancêtres. N’avons-nous pas entendu dans la première lecture : « Tout ce que le Seigneur a dit nous le mettrons en pratique » ?

C’est encore le même refrain qu’elle reprend, sous une autre forme, dans l’évangile que nous venons d’entendre : «Tout ce qu’il vous dira, faites-le.»

C’est de s’appuyer sur la Foi qui fonde Marie dans l’espérance sans faille, quoi qu’il arrive… jusqu’au matin de Pâques.

C’est aussi cela qui met Marie en route. Rappelez-vous, juste après le récit de l’Annonciation : « Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.» (Lc 1, 39-40) L’Espérance, enracinée dans la Foi, met la Charité en marche…

L’espérance animée par la Foi, permet à Marie de « s’installer en Dieu », Lui permettant, dans le même mouvement, de « s’installer en elle » et de devenir le moteur de sa charité.

« L’espérance, nous dit la lettre aux Hébreux, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme» (Hb 6,19) La tradition a retenu l’ancre comme une belle image de l’espérance.

Ce n’est pas le sarthois que je suis qui va expliquer aux bretons que vous êtes ce que signifie mouiller l’ancre !

L’ancre stabilise le bateau à partir des fonds marins. Pour les non-marins, il y en a sûrement dans l’assistance, nous pourrions utiliser aussi l’image, plus dynamique peut-être, du grappin envoyé par celui qui se lance à l’assaut d’une forteresse ou d’une falaise pour « assurer » sa progression.

Confiant dans la solidité de son ancrage, « sachant en qui il a mis sa foi » (Cf. 2 Tm 1,12), il n’a pas peur de s’élancer…

« L’espérance est un risque à courir », nous dit Bernanos, « c’est même le risque des risques » dit-il, « l’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme.»[2]

Il s’agit bien d’un combat, mais d’un combat dont nous savons que nous sortirons vainqueurs puisque nous laissons le Christ le mener en nous.

Comme Abraham, enraciné en Dieu, ancré en Dieu, comme Jésus sur la croix abandonné entre les mains du Père, au-delà de toute espérance, nous attendons la réalisation de la Promesse…

Le travail, la part qui nous revient, c’est de nous blottir en Dieu : « Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; comme un petit enfant blotti contre sa mère.» (Ps 130, 1-2)

Alors nous pouvons nous mettre en route, parfois au plus profond de la nuit… Certains parmi nous savent, parce qu’ils l’ont expérimenté dans leur chair et dans leur histoire, ce que veut dire « espérer contre toute espérance » (Rm 4,18).

La tentation est grande parfois de lâcher prise, de laisser les ténèbres recouvrir nos vies et les engloutir dans le découragement… « Toto » se déchaîne dans ces moments-là… Ce n’est pas le moment de lâcher !

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! » (Mt 27,46) Contrairement à la première impression qu’il donne, ce cri de Jésus en Croix, n’est pas un cri de désespoir, mais au contraire une manière de jeter l’Ancre au cœur même de Dieu son Père en reprenant à son compte les paroles du Psaume 21.

Notre mission de chrétiens au cœur de ce monde troublé et menacé de toute part par la violence sous toutes ses formes et par le désespoir consiste, comme le dit si bien Saint Pierre, à « rendre compte de l’espérance qui est en nous ». (1 P 3,15)

« À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien.» disait Saint Paul aux Corinthiens tout à l’heure… A chacun de nous revient de voir comment il va rendre compte de l’espérance qui est en lui.

Il s’agit de redonner l’Espérance à notre Monde. « Restore Hope » était le nom donné à l’intervention militaire américaine en Somalie en 1992. Ce fut un fiasco…

La différence c’est que notre manière à nous de restaurer l’espérance n’est pas d’intervenir avec la force, mais, à la suite de notre maître, de vivre la charité au quotidien… pour permettre à l’Espérance de renaître. Cela ne se fait pas à la force du poignet. Marie l’a bien compris, qui chante en son Magnificat : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes… » La force de son bras ! N’est-ce pas un peu cela que nous suggère Notre Dame du Bon Secours, aux deux bras cassés ?

Espérer, c’est cheminer dans la foi en mettant en œuvre la charité. Pour cela Jésus nous invite à reconnaître un frère ou une sœur en tous ceux qui nous entourent Tous, fussent-ils ceux qui nous agressent ou nous remettent en question. Ils sont confiés à notre ministère de disciples missionnaires.

La petite espérance s’avance, nous dit Péguy, « au milieu entre ses deux grandes sœurs [La Foi et la Charité] elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. En réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne. Et qui fait marcher tout le monde.»

Frères et Sœurs, comme Marie et avec elle, dans un parfait acte de foi, choisissons Dieu lui-même et l’accomplissement de sa volonté. Laissons-le nous couvrir de son ombre et nous féconder de sa Charité. Alors oui, nous pourrons, à notre humble place, incarner la petite espérance qui entraîne et enthousiasme[3] le monde.

[1] Mère Geneviève Gallois, La vie du petit Saint Placide, n° 61.

[2] Georges Bernanos, conférence aux étudiants brésiliens, Rio de Janeiro, 22 décembre 1944.

[3] L’enthousiasme, littéralement et étymologiquement, c’est le fait d’être « saisi par le divin ».

 

Homélie du dimanche matin 2 juillet

13ème dimanche ordinaire A

Textes :

  • 2R 4, 8-11.14-16a
  • Ps 88
  • Romains 6, 3-4.8-11
  • Mt 10, 37-42

 

Frères et Sœurs, chers amis.

« L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ; sa fidélité, je l’annonce d’âge en âge. Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ; sa fidélité est plus stable que les cieux. »

Les versets du psaume 88 que nous avons chanté ensemble tout à l’heure ont un petit côté « bisounours » et angélique qui sonne curieusement dans le contexte de violence et de marasme spirituel et intellectuel dans lequel se débat notre civilisation occidentale…

Pour sortir de cette impression de naïveté il serait important de lire la totalité du psaume en se rappelant qu’il a été rédigé au temps de l’exil du peuple d’Israël… Quelques verset plus loin c’est bien l’incompréhension et la tentation du désespoir qui s’exprime : « 40 Tu as brisé l’alliance avec ton serviteur, jeté à terre et profané sa couronne. 41 Tu as percé toutes ses murailles, tu as démantelé ses forteresses ; 42 tous les passants du chemin l’ont pillé : le voilà outragé par ses voisins …/… 45 Tu as mis fin à sa splendeur, jeté à terre son trône ; 46 tu as écourté le temps de sa jeunesse et déversé sur lui la honte …/… 50 Où donc, Seigneur, est ton premier amour, celui que tu jurais à David sur ta foi ? » Où est Dieu dans tout cela ?

N’est-ce pas plutôt ce genre de sentiments qui habitent nos cœurs  en ces temps où, dans la pensée d’un grand nombre de nos contemporains, « foi en Dieu » devient synonyme de fanatisme, de violence, d’abus et de manipulation en tous genres ? Pendant ce temps, nos communautés se réduisent comme peau de chagrin… Dieu aurait-il fait son temps ?

Quelle est ou quelle peut être la réponse des croyants ?

Elie Wiesel raconte qu’un jour, au camp de concentration d’Auschwitz où il était déporté en tant que juif, on avait pendu publiquement un jeune enfant avec d’autres prisonniers en représailles pour un sabotage… Le pauvre petit était si léger qu’il n’arrivait pas à mourir et il se débattait entre ciel et terre comme un pantin désarticulé… Wiesel raconte qu’il entendit un prisonnier, assistant comme lui à cette scène insupportable, dire à voix basse : « Mais où est Dieu? » Et Wiesel, bien que professant l’athéisme, fut surpris lui-même de s’entendre répondre : « Il est là, dans cet enfant! » [1]

Quand nous inscrivons en haut de la page, la dignité de l’humain, de tout l’humain, de tous les humains, quels qu’ils soient, nous sommes dans la vérité, dans la logique du regard divin…

« Voir Dieu et les hommes comme Jésus les voit » devrait être notre devise et notre feuille de route de chrétiens… C’est d’ailleurs cela  qui stimule encore aujourd’hui « la charité inventive » de nombreux chrétiens qui ont compris que le moment n’est pas de pleurnicher sur notre sort, mais de mettre la main à la pâte et d’aller au charbon !

Chrétiens, réveillons-nous ! « La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. » (Rm 8,19)

Au cœur des ténèbres qui nous entourent et parfois nous submergent le psaume 88 est un appel à la confiance dans l’épreuve, un appel à l’espérance qui s’enracine dans la fidélité de Dieu.

Cette espérance, enracinée en Dieu, elle s’exprime dans la charité vécue au quotidien ! Ne nous laissons pas embarquer dans la spirale de la violence et du ressentiment qui nous détournent de notre vocation première… « Ne rendez à personne le mal pour le mal. Car il est écrit : À moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. » (Rm 12, 17a.19b-20a.21)

Depuis sa mise en échec par Jésus sur la Croix, le Tentateur, ne cesse d’essayer de décourager ceux qui ont mis leur foi dans le Christ. Il ne sait faire que ça et actuellement, s’appuyant sur les révélations en cascade des scandales et abus répugnants commis jusqu’au au sein de l’Église, il se frotte les mains, le Toto ! Et Il espère encore prendre sa revanche ! Il espère nous mettre en échec à un moment de notre histoire où justement le message de l’Évangile est plus que jamais Bonne Nouvelle pour le monde !

Le schéma est le même aujourd’hui qu’autrefois au Golgotha : Il se prétend Fils de Dieu ! Eh bien : «Sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! » (Mt 27,40) « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! […] Qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! » (Mt 27,42)

La Foi est disqualifiée et les disciples d’ailleurs se dispersent. Victoire de Satan sur toute la ligne !

Il n’y a pas que la Foi qui est disqualifiée, l’Espérance elle aussi est KO, hors d’état de nuire. Rappelez-vous les disciples d’Emmaüs : « Les grands prêtres et nos chefs ont livré Jésus. Ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Et pourtant nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël.» (Lc 24, 20-21) Mais hélas…

D’une pierre deux coups ! Et j’allais même dire d’une pierre trois coups : Plus de Foi, plus d’Espérance et donc plus de Charité ! Puisque, comme je le disais hier soir : « L’espérance enracinée dans la Foi est le moteur de la Charité » Ah, il est fort le Malin…

Mais c’est peine perdue, parce que notre foi est dans le nom du Seigneur et non dans la pauvreté des témoins que nous sommes !

Gardons courage et ne laissons pas de prise à celui qui voudrait nous faire chavirer. « Veillez, nous dit Saint Pierre : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi.» (1 P 5,8-9a)

Au moment où certains font tout pour nous décourager de l’Eglise rappelons-nous que si nous affirmons que notre Église  est Sainte dans le Credo, ce n’est pas parce qu’elle serait composée de gens purs et sans péchés.

Notre Église est Sainte parce qu’elle est un peuple de pécheurs rachetés par le sang du Christ.

Elle est Sainte parce qu’elle est le Corps dont la tête est le Christ. Au creux de la tempête que nous traversons, avec l’aide de l’Esprit de notre baptême et de notre confirmation, ne laissons pas au diable l’occasion de nous décapiter !

« Par sa mort, Jésus a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable.» (Hb 2,14) nous dit la lettre aux Hébreux.

Oui, «nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.» (1 Cor 1, 18.23-24)

C’est du « Roi crucifié » dont nous sommes les sujets… Ne nous trompons pas de combat !

Laissons-le prendre possession de nos vies par les sacrements pour vaincre en nous le mal et nous conduire à la Vie.

« Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême, nous rappelait Saint Paul dans la deuxième lecture. Si donc, poursuit-il, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ.»

Dans l’épreuve, le grand jeu du tentateur c’est de nous rendre amnésique (sans mémoire) et de nous faire oublier la fidélité de Dieu dont l’amour pourtant « s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 50) comme le chante Notre Dame du Bon Secours en son Magnificat.

Or, notre mission de disciples du Christ, ô combien importante en ces temps perturbés, c’est justement de faire mémoire, de du Christ vivant qui est venu rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. Faire mémoire au sens chrétien du terme ce n’est pas se tourner vers le passé. C’est rendre présent l’unique sacrifice du Christ offert une fois pour toutes sur le bois de la Croix.

Nous n’avons rien d’autre à faire d’intelligent dans ce monde ! C’est notre raison d’être et de vivre.

Alors oui, cela passe par la célébration de l’eucharistie que nous allons vivre tout à l’heure. Mais vivre l’eucharistie ce n’est pas seulement aller à la messe. C’est enraciner notre manière de vivre dans celle du Christ. L’eucharistie est la source à laquelle nous venons puiser, le modèle de toute oblation… Le lieu où nous apprenons à perdre notre vie à cause de Jésus. Faites ceci en mémoire de moi !

Nous sommes au cœur d’un combat titanesque entre le bien et le mal et Jésus nous entraîne dans sa victoire à condition de savoir mourir à nous-mêmes, avec Lui pour vivre pour Dieu, avec Lui. « Pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ.» nous rappelait Saint Paul tout à l’heure.

Vivre pour Dieu ou « vivre à Dieu » pour reprendre la belle expression d’un ancien père Abbé de Solesmes[2], c’est vivre pour nos frères…

Notre bien-aimé Pape François ne cesse de chanter sur tous les tons : « Ne nous laissons pas voler l’espérance ! » Soyons au cœur du monde des témoins de l’Espérance qui trouve sa source dans le cœur ouvert du Christ en Croix. Non, ce n’est pas une affaire de bisounours. C’est le défi que Dieu nous invite à relever au cœur du monde !

« Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.»

 

[1] Elie Wiesel, « La nuit », Les éditions de minuit, Paris, 1958, pp.103-105

[2] Dom Paul Delatte, Vivre à Dieu, Editions de l’Abbaye de Solesmes, 1973.

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