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À Plésidy, Saint-Péver et Pédernec, des vitraux de Philippe Lejeune

 

Peintre disparu en 2014, Philippe Lejeune a conçu et parfois réalisé plusieurs vitraux dans des monuments de la région, notamment à Plésidy, Saint-Péver et Pédernec.

 

Plésidy, chapelle Saint-Yves (anciennement Saint-Jacques)

Quiconque visite la chapelle Saint-Yves de Plésidy (XVI e s.) ne peut manquer d’être frappé par les vitraux qui distillent une lumière colorée dans ce sanctuaire. Labbé Jean Boulbain qui, vers 1956, s’occupa de la restauration de la chapelle, opta pour des vitraux modernes. Ceux-ci furent commandés  au peintre Philippe Lejeune, d’Étampes, qui les a lui-même posés dans la chapelle, le maître verrier étant son compatriote Legrand.

Dans ce sanctuaire qui lui est dédié, saint Yves, tête auréolée, est représenté selon la tradition entre un riche et un pauvre. Il porte à la main gauche un rouleau contenant les décrétales (recueil de règles du droit canon) ; en effet ce prêtre était « official », ou juge ecclésiastique. Au-dessus du riche apparaît la cathédrale de Tréguier. Au-dessus du pauvre est représenté le blason des « Hélory, sieurs de Coathélory à Cavan et de Kermartin à Minihy-Tréguier : « D’or à la croix engreslée de sable, cantonnée de quatre alérions de même » » (note de Yannick Botrel). Les alérions sont des petits aigles dépourvus de becs et de pattes. Aux pieds du saint on peut lire : « Pour l’amour de Dieu ». Cette devise est le résumé de la sainteté d’Yves Hélo(u)ry, qui sut si bien aimer Dieu et ses frères, surtout les plus pauvres.

 

Chapelle Saint-Yves de Plésidy – Vitrail de Philippe Lejeune : Saint Yves entre le riche et le pauvre

Les autres vitraux de la chapelle sont d’un style différent, avec des motifs géométriques, plus abstraits. Ces derniers (que P. Lejeune appelle « vitreries ») sont réalisés en jeux de verre sans grisaille. Ils correspondent à une autre facette de son talent.

                      

 

Les « vitreries » de Philippe Lejeune

 

L’été 2015, la ville de Chartres a rendu hommage à Philippe Lejeune par une rétrospective de son œuvre dans la collégiale Saint-André. À cette occasion ont été exposés les cartons ayant servi à la réalisation du vitrail de Plésidy. Nous remercions madame Bérénice Cannavo, fille de l’artiste, de nous avoir procuré une photo qui aide à comprendre l’élaboration de l’œuvre. 11 000 visiteurs ont pu admirer cette exposition de P. Lejeune, qui écrivait :  » Peindre est une manière de vivre sa mort, comme le reste, mais qui a le mérite d’être harmonieuse. »

 

 

Les cartons (dessins préparatoires) et à droite le vitrail posé. On reconnaît de g. à dr. le riche, Saint Yves, le pauvre

 

Saint-Péver (chapelle d’Avaugour), Pédernec…

Deux autres travaux de P. Lejeune sont encore à voir dans la région. D’abord, signalons l’unique vitrail de la chapelle Notre-Dame d’Avaugour en Saint-Péver. Plus dramatique, il représente la vie de Marie. Les différents tableaux sont agrémentés d’inscriptions en latin illustrées par des motifs symboliques évoquant les litanies de la Vierge : Urbs sancta (Ville sainte), Vas spirituale (Vase spirituel, ou Demeure de l’Esprit Saint), Stella matutina (Étoile du matin), Speculum justitiae (Miroir de justice), Turris Davidis (Tour de David), Sedes Sapientiae (Demeure de la Sagesse), Rosa mystica (Rose mystique), Janua cæli (Porte du Ciel). Le caractère hiératique des personnages confère à l’ensemble une grande force.

 

 

Chapelle d’Avaugour en Saint-Péver, vitrail de P. Lejeune inspiré de la vie de Marie

 

 

Chapelle d’Avaugour en Saint-Péver (22), vitrail de P. Lejeune (détail) : descente de Croix

 

Enfin, P. Lejeune est l’auteur d’une remarquable série de vitraux de l’église de Pédernec. Leur thème : les sept sacrements. Leur style s’apparente à celui d’Avaugour, et leur étude dépasserait le cadre de cet article.

 

 

 

Église de Pédernec (22) Vitrail de P. Lejeune : le sacrement de l’Ordre

 

Ainsi, dans les années 1950, nos paroisses pouvaient encore s’offrir les œuvres d’artistes reconnus. Il reste à les mettre en valeur, à cause de leur intérêt à la fois artistique et théologique. La découverte des sacrements par les enfants du catéchisme pourrait se faire dans la lumière des vitraux de Philippe Lejeune, dont toute la vie a baigné dans la foi chrétienne.

Jef Philippe

 

Philippe Lejeune :

Né le 15 novembre 1924 à Montrouge dans une famille d’artistes ; frère du généticien Jérôme Lejeune. En 1941, il entre à l’Atelier d’Art Sacré de Maurice Denis. 1951 : mariage (3 filles). Il entame alors une série de vitraux et de verres peints en Bretagne et en Normandie. En 1962, il participe à l’École de Paris, puis voyage en Asie. C’est en 1969 qu’il fonde à Étampes l’Atelier d’Arts plastiques. Il décède le 24 avril 2014 à Étampes.

 

 

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