La chapelle de l’Hôpital de Guingamp (Lefort architecte)
Historique de la chapelle de l’hôpital
Guingamp – Chapelle de l’Hôpital, sous le patronage de saint Joseph (architecte : Georges-Robert Lefort)
Combien de guingampais connaissent les origines de la chapelle de l’hôpital ? Combien savent-ils que cet édifice religieux est souvent ouvert et qu’il s’y déroule régulièrement des messes et des moments de prière en union avec les malades, les soignants et leurs familles ? Nous avons retrouvé le récit de sa bénédiction en 1929, la première pierre ayant été posée le 12 juillet 1928. Cette chapelle est l’œuvre de l’architecte Georges-Robert Lefort (1875-1954), comme nous l’a confirmé M. Philippe Bonnet, Conservateur en chef du Service de l’Inventaire du Patrimoine. Lefort avait été l’architecte de l’hôpital, bâti entre 1901 et 1911, mais la chapelle ne fut construite que plus tard.
Bien qu’il soit apparenté au mouvement breton Ar Seiz Breur, Lefort n’en a pas fait partie officiellement. On peut reconnaître des similitudes entre son travail pour la chapelle St-Joseph (hôpital de Guingamp) et celle de l’ancien Grand Séminaire de Saint-Brieuc, aujourd’hui Maison Saint-Yves et siège épiscopal : Chapelle de la Maison Saint-Yves | Saint-Brieuc | Côtes d’Armor
Voir également :
Georges-Robert Lefort — Wikipédia
Georges Robert Lefort – Patrimoine de Guingamp
NB : cette chapelle est en fonction et sert régulièrement au culte
La bénédiction de la chapelle de l’Hospice de Guingamp
Les religieuses de l’Hospice de Guingamp ont de nombreux amis qui, dimanche 10 mars [1929], montaient allègrement la côte de « l’Alouette », tournant le dos à leur Basilique vénérée, où se déroulaient pourtant les magnificences d’une grande fête. Ils allaient admirer la nouvelle chapelle, bâtie dans un joli bosquet de pins, tout en haut de la butte, au-dessus des souffrances et des misères humaines. Ayant été à la peine, par leurs offrandes généreuses, ils voulaient, avec raison, être aussi à la joie.
Et ce leur fut une grande joie d’apercevoir Mgr Serrand, dont la santé leur est si chère. Il avait tenu à bénir lui-même le nouveau sanctuaire.
Et autour de lui, ils reconnaissaient d’anciens aumôniers de la communauté : M. le Supérieur du Grand Séminaire, M. l’abbé Besco ; l’aumônier de la communauté de Gouarec, fille de celle de Guingamp, M. le chanoine Morin. Les autres familles religieuses de la région avaient leur délégué. Et Guingamp était brillamment représenté par son Archiprêtre et par MM. les chanoines Le Bezvouët et Le Goas;
Le public, pour être resté dehors, ne put guère suivre les cérémonies de la bénédiction. Du moins, il eut tout le loisir de contempler les armes de l’« Ordre des Moniales hospitalières de la Miséricorde de Jésus », sculptées au-dessus de la grande porte : d’un côté un olivier, de l’autre une main sortant d’un nuage, tenant un cœur enflammé ; l’écu est surmonté d’une couronne de branches à huit fleurons.
Blason des Augustines
La signification, qui n’est pas évidente, est pleine d’enseignement. L’olivier indique la paix, la concorde, la charité qui règnent dans une maison religieuse, où s’appliquent dans la mesure du possible les paroles de N.-S. J.-C. : « aimez-vous les uns les autres ». La main tenant un cœur enflammé, désigne saint Augustin, présentant une des branches de l’ordre dont il a été le fondateur, et l’amour divin dont il a été l’apôtre et l’exemple.[1]
Mais, pendant que les fidèles méditent sur ces symboles, la cérémonie de la bénédiction s’achève. Un coup de battant de cloche, qui n’est pas au programme, retentit. Tout le monde en profite pour le considérer comme un appel et rentre. Et c’est devant une chapelle comble que Monseigneur bénit trois petites cloches neuves, dont le gai carillon mettra un peu de poésie dans la monotonie du règlement du cloître et de l’hôpital.
La grand-messe fut chantée par M. l’Archiprêtre, assisté de MM. les abbés Boscher, aumônier de Sainte-Anne de Lannion, et Vaillant, aumônier des Augustines de Tréguier. Au prône, M. l’abbé L’Anthoine, aumônier, recommanda aux prières l’âme de la Mère Saint-Vincent-de-Paul, décédée après avoir passé au service des malades 45 années d’un dévouement admirable. Le premier mot prononcé dans la nouvelle chapelle aura été pour les apôtres obscurs qui font tant de bien à l’abri de ces murs tristes et froids. C’est très bien ainsi.
Puis, M. l’Aumônier se fit l’interprète de la reconnaissance des Religieuses auprès de Monseigneur et des bienfaiteurs de l’œuvre ; mais le principal bienfaiteur a été Saint Joseph, le titulaire de la chapelle, qui était pressé, sans doute d’y recevoir les hommages et les prières des habitants de l’hospice, car, en un an, il a permis de concevoir et de réaliser le plan.
Monseigneur félicita chaleureusement tous ceux qui, à un titre quelconque, ont pris part à l’édification de la chapelle, et notamment MM. les Administrateurs de l’Hospice.
L’un d’eux, M. le Docteur Macé, révéla en termes délicats, aux toasts, le secret de cette bienveillance de l’Administration : c’est le travail humble, désintéressé des Religieuses, qui sont jour et nuit au service des malades. qui ne les admirerait ? Qui ne les aiderait ?
Et elles furent aidées, non seulement par l’autorité civile, mais, aux heures difficiles des années terribles, par le savoir-faire de M. l’Aumônier, qui récolta dimanche les fruits de son labeur.
C’est ce que releva Monseigneur, qui, heureux du bon renom et de l’estime qui entourent la famille religieuse de l’Hospice, émit en terminant le vœu de voir un courant de vocations se diriger vers une des œuvres les plus belles de son diocèse.
G.[2]
(publié dans La Semaine religieuse du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, n° 11 de la 61e année, le 15 mars 1929).
Les paragraphes 4 et 5 du texte qui précède évoquent et expliquent partiellement le blason qui figure dans une sculpture du fronton de la chapelle et également dans un de ses vitraux. Sur ce vitrail on peut lire la devise latine : Qui coronat te in misericordia (Ps 102, 4) (Qui (Jésus) te couronne de fidélité et de tendresse). On peut la traduire ainsi : « Ta couronne, ton pouvoir, c’est la Miséricorde. » C’est là en quelque sorte la vocation des Augustines.
Jef Philippe
[1] Voir à la fin de cet article le paragraphe sur la devise latine, et les photos de ce blason.
[2] Nous ignorons qui est le signataire de cet article, l’initiale G étant peu explicite…
PHOTOS
Georges-Robert Lefort (plaque apposée à la Cité Lefort, Guingamp)
L’autel de la chapelle St-Joseph
Tabernacle au pélican – autel de la chapelle St-Joseph
Chapelle St-Joseph, hôpital de Guingamp : le grand vitrail
Les petits vitraux
Frise murale (détail)
Mobilier
Ambon et Pupitre
Fauteuil et tabouret
Plateau de tabouret