Fêter la Vierge Marie, prier pour la Paix… (Éditorial de janvier 2025) par Pascal Delecour
Le premier jour de l’année nouvelle, l’Église nous invite à fêter Marie, Mère de Dieu. Mais il ne vous a pas échappé que, début décembre déjà, Marie était mise à l’honneur au travers de la fête de l’Immaculée Conception et que, dans quelques semaines (début février), ce sera encore le cas pour la fête de Notre Dame de Lourdes. Puis ce sera la fête de l’Annonciation en mars et nous prolongerons tout au long du mois de mai (le mois de Marie) la mémoire de la Mère du Christ. Sans parler de la fête de l’Assomption en Août. La multiplicité de ces évocations de la figure de Marie dans la liturgie pourrait nous faire basculer dans une certaine forme d’idolâtrie, nous centrant sur son personnage à elle et nous détournant du personnage principal : le Christ.
Pourquoi l’Église nous invite-t-elle avec régularité à nous pencher sur la figure de Marie ? La question est d’autant plus pertinente que, dans les quatre Évangiles canoniques, Marie ne s’exprime qu’à huit reprises. C’est peu et nous pouvons déjà retenir un trait de caractère de ce personnage : la discrétion. Si Marie est discrète dans son expression, laissant la part belle à son Fils, on la retrouve néanmoins à tous les moments essentiels de la vie de Jésus : sa naissance évidemment, son enfance, le début de sa vie publique, sa Passion aussi et bien sûr au pied de la Croix, ou encore au cénacle à la Pentecôte. Marie : discrète donc, mais essentielle… Elle incarne en elle-même une vertu très chrétienne : l’humilité. Et si l’Église nous recommande de porter notre regard sur Marie, c’est bien pour s’inspirer de cette qualité et tenter d’en faire notre propre règle de vie.
En ce premier jour de l’année, les chrétiens sont aussi invités à prier pour la Paix. La Paix dans le monde entre les nations, la paix au sein de nos organisations sociales, la paix dans nos familles… À quoi bon ? pourraient rétorquer certains ! A quoi bon les prières, puisque rien ne bouge ? A quoi bon, une fois encore prier pour la Paix ? Pour autant, l’enseignement du Pape François est intéressant : il insiste sur le fait que la Paix commence par faire la Paix avec soi-même, par rechercher pour soi une Paix intérieure seule capable de permettre des relations apaisées avec les autres ; tous les autres y compris ceux qui ne pensent pas comme nous, y compris ceux qui nous combattent. Cette même Paix intérieure qui animait le Christ lorsque, cloué au bois de la Croix, il demandait pardon pour ses bourreaux. Penser la Paix à partir de soi. Commencer par se vouloir du bien à soi-même avant de vouloir du bien pour les autres. Être bien pour répandre le Bien, pour le diffuser, l’infuser autour de nous.
C’est certain, je n’ai aucune influence sur les flammes qui ravagent notre monde proche ou lointain mais si, comme le colibri, j’apporte au travers de la paix intérieure que je dégage, que je propage, ma propre goutte d’eau pour éteindre l’incendie, alors avec tous les colibris du monde, j’aurai pris mon humble part. Une part discrète mais essentielle à l’image de Marie, discrète et essentielle.
Puisque nous entrons dans la période des vœux, formulons celui-ci : que notre vie tout entière nous permette là où nous vivons de répandre la Paix au milieu de ceux avec lesquels nous vivons et qu’au jour de la Rencontre après notre pèlerinage sur la terre, nous puissions dire à Celui qui nous accueillera : « je t’offre ma vie ; elle fut discrète mais essentielle ».
Pascal Delecour, diacre permanent
