Éditorial de février 2025 : La communauté des invisibles (Maurice Échevest, diacre)
La communauté des invisibles
Il y a quelques mois, notre curé, le père Gladimir Museau, a invité tous les bénévoles de notre communauté pastorale (Guingamp et Pontrieux) à venir témoigner par groupes sur leur mission au service de l’Église.
Me sentant concerné, j’ai présenté le service de Présence Fraternelle auquel je consacre quelques heures par semaine. J’ai été surpris de constater que dans cette assemblée, peu de monde avait connaissance de ce service paroissial. J’ai donc essayé, au cours du peu de temps qui nous était imparti, de définir cette mission et de dire son importance parmi toutes les autres missions qui nous ont été présentées ce jour-là.
Dans nos paroisses, il y a un certain nombre de personnes que l’on connaît plus ou moins. Ce sont des chrétiens que l’on rencontre assez régulièrement lors des messes dominicales et qui, avec nous, se nourrissent des sacrements proposés et de la Parole de Dieu. En nous réunissant, nous formons le peuple de Dieu, partageant une même foi et cheminant ensemble vers un même but : discerner la présence du Christ dans l’ordinaire de nos vies et lui rendre grâce de nous accompagner et de nous soutenir sur notre route quotidienne.
Cependant, très régulièrement, nous remarquons des custodes posées sur l’autel, et à la fin de la messe, des personnes viennent les récupérer.
C’est le signe visible que notre communauté n’est pas tout entière rassemblée là. Des chrétiens, en effet, sont empêchés temporairement ou durablement de rejoindre le rassemblement dominical.
Qui sont donc ces personnes absentes ?
Ce sont le plus souvent des personnes âgées, fragilisées par la maladie ou le handicap et dont la mobilité est très réduite. Bien souvent nous les avons connues et parfois aussi, elles ont activement participé à la vie de la paroisse pendant de nombreuses années. Mais voilà, nous qui sommes encore valides, nous sommes accaparés par nos occupations et nous ne nous sommes même pas aperçus de l’absence de ces frères et sœurs chrétiens et trop souvent, nous oublions même de prendre de leurs nouvelles auprès de leurs proches.
Ils sont devenus «invisibles».
Dans chacune de nos paroisses, La Présence Fraternelle essaye, avec ses modestes capacités de pallier ce manque d’attention de la communauté. Notre message est de faire sentir à ces personnes, qu’elles restent membres de l’Église et que l’Église ne les oublie pas. En les visitant aussi régulièrement que possible, nous essayons de maintenir un lien avec la communauté.
Nos équipes de Présence Fraternelle de Guingamp ne sont pas très fournies, mais elles vont à la rencontre de ces personnes, le plus souvent dans des EHPAD, mais aussi à domicile, selon les demandes qui nous sont adressées. En les visitant, nous leur permettons de dire, dans la confidence, leurs joies et leurs peines, mais aussi et surtout leurs espérances et la foi qui les aide à rester vivantes. Notre attention et notre écoute disent, sans forcément les nommer, l’attention de l’Église à leur égard et l’amour de Dieu qui n’abandonne aucun de ses enfants.
Le dimanche de la santé qui sera célébré le dimanche 9 février, nous rappellera que, nous non plus, nous ne devons pas les abandonner.
Maurice Échevest, diacre
