Éditorial de mai 2025 : « Individualisme et foi chrétienne »

Individualisme et foi chrétienne
Dans une maison paroissiale quelqu’un est venu demander le prêtre présent. Son désir était de faire « bénir quelques objets de culte » ; entendons par là divers objets de piété dont des médailles réputées. Le prêtre acquiesce, et propose à cette personne de venir rejoindre l’assemblée paroissiale lors d’une prochaine messe. Mais elle n’est pas intéressée. Elle a ses « objets de culte » dûment bénis, et le reste, ma foi, c’est entre Dieu et elle. Est-ce là l’enseignement du Christ ?
Individualisme ou communauté ?
L’individualisme qui affecte l’ensemble de la société (chrétiens compris) est dû en partie à une défiance vis-à-vis des institutions, dont l’Église en ce qu’elle prétendait exercer un pouvoir moral sur les personnes. Or le sens de la foi n’est pas un pouvoir à exercer, mais un service en vue de l’épanouissement de tous. L’individu exerce, à l’encontre de ce pouvoir, un souci légitime de développer sa conscience morale. Saint Paul invite à « discerner les esprits », c’est-à dire faire la différence entre les faux esprits et le véritable Esprit, en somme distinguer le bon du mauvais (1Co 12, 4-11). Le but est de vivre dans la liberté authentique des frères et sœurs de Jésus.
Cela induit une relation personnelle à Dieu (au lieu d’un comportement de masse). C’est primordial mais il ne faut pas occulter l’autre volet qui est la recherche d’une vie de communion avec toute personne : amour de Dieu et du prochain. Communion et service, donc. Le pape François nous invite à aller vers « les périphéries » : sortir de notre cocon, de la piété individualiste, pour aller au nom du Christ vers les autres, spécialement les plus démunis, afin de leur donner un peu d’espoir.
Notre fidélité au Seigneur, qui suppose la solidarité avec notre prochain, se vit à l’échelle personnelle dans la prière et les sacrements, et communautairement dans une vie en Église incluant notamment la messe. Celle-ci rassemble, unit les fidèles venus pour faire corps en Christ, le Christ présent dans sa Parole, puis sous les espèces du pain et du vin, et également dans tous les fidèles baptisés, « Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit » (Lumen Gentium 9).
Ainsi, membres du Corps mystique, nous ne vivons ni n’agissons seuls. Il doit y avoir en nous un élan vers Dieu et un élan vers nos frères et sœurs, afin que le chrétien ne se renferme pas dans sa sacristie persuadé que la vie chrétienne s’arrête là ; en effet, entre moi et Dieu, il y a tous les autres.
L’Église et la société nous donnent des occasions variées de nous engager auprès des plus pauvres, du Secours Catholique au CCFD-Terre Solidaire en passant par les équipes St-Vincent de Paul ou la Fraternité des Malades… Les personnes qui s’y engagent trouvent de quoi nourrir et renforcer leur foi, échappant ainsi à l’individualisme contemporain, ce mal qui éloigne de l’Évangile.
Mois de mai : le don de Marie
La Mère de Jésus est totalement donnée : au Père, au Fils né de sa chair, à l’Esprit qui la couvre de son ombre (Lc 1, 35). Elle est donnée à la première communauté chrétienne : « Fils, voici ta Mère… » (Jn 19, 26). Elle nous est donnée ! Son exemple est le meilleur à suivre. Et… souvenons-nous du cantique : « Quand nous mangeons le Pain sacré, fais croître en nous la charité… »
Jef Philippe – diacre