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Du Togo à Guingamp. Rencontre avec le Père Paul.

  Nouvellement nommé curé de la Communauté pastorale de Guingamp,

le Père Paul Badjakata nous invite à la fraternité.

Rencontre. 

 

 

 

 

 

Vivre en Eglise – Votre diocèse d’origine se trouve à plus de 6500 km du Pays de Guingamp, en Afrique, au Togo : Atakpamé. Pouvez-vous nous parler de votre parcours? De votre pays?

Père Paul – Je suis né dans une famille de 7 frères. Je suis le 2ème. J’avais un papa qui fut chrétien mais à un certain moment il avait abandonné, il était devenu presque païen. Et moi j’ai rencontré le Christ dans les années 83-84 à travers la lecture de l’Evangile de Saint-Luc qui m’a profondément touché, surtout la Passion du Christ. Dans la Passion du Christ on sent vraiment cet amour qu’il a pour tous les hommes. Indirectement je crois, j’ai senti la vocation sans savoir vraiment ce qui était et ce que j’allais devenir. J’étais en seconde quand j’ai fait la catéchèse pour être baptisé le 3 mai 1987. Le 31 janvier 1988 j’ai reçu ma confirmation. C’est après mon bac que j’ai été envoyé en Italie, précisément dans le séminaire diocésain de Vérone pour ma formation, où je suis resté 7 ans, de 90 à 97. J’étais reparti au Togo en 97 pour être ordonné le 28 septembre 97.

 

 

 

 

Le Togo est un des petits pays de l’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui avec une population de près de 9 millions d’habitants. Les catholiques sont autour de 24-25% de la population togolaise. C’est une église très jeune.

Le Togo a été évangélisé officiellement après la conférence de Berlin. Les premiers missionnaires sont arrivés pour l’évangélisation systématique en 1892. C’était des missionnaires allemands de la Société du Verbe Divin. Ils sont restés jusqu’à la fin de la 1ère guerre mondiale. Puisque l’Allemagne a été vaincue. Le Togo était une des colonies allemandes. Il y avait les français à l’Est du Togo, au Bénin, Dahomey, et puis les Anglais à l’Ouest, en Côte de l’Or aujourd’hui appelée Ghana. Ils ont pris en étau les allemands qui se sont rendus.

Et après, dans les années 1920-21, le Togo est passé sous la Société des Missions Africaines (SMA), comme missionnaires, avec pour premier évêque pratiquement un évêque qui était du Finistère : Jean-Marie Cessou, qui a été au Togo de 1921-22 jusqu’en 1943, l’année de sa mort.

 

Donc comme je disais c’est une Eglise très jeune. Il y a beaucoup de jeunes. La foi est encore à proposer. Au Togo une bonne partie de la population est adepte de la religion traditionnelle africaine. On trouve aussi l’Eglise évangélique et beaucoup d’Eglises du Réveil ainsi que les musulmans.

 

J’ai travaillé avec joie dans mon diocèse. J’ai eu la chance de travailler dans 3 paroisses. Mon premier curé était un prêtre SMA. Il était alsacien. Après son départ définitif du Diocèse, j’ai pris la paroisse Saint-François-Xavier de Badoue pour 4-5 mois avant que le 1er curé africain togolais ne soit nommé.

Après 3 ans j’ai été nommé vicaire sur une autre paroisse, Notre-Dame des Affligés, mais avec pour mission de fonder une nouvelle paroisse sur une zone qui m’était confiée. Je suis resté là-bas 9 ans. J’ai fondé la paroisse qui porte le nom de Jésus Bon Pasteur de Moretan.

Et j’ai quitté cette paroisse en 2009 pour la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Douleurs de Glei où je suis resté 15 ans.

 

 

 

C’est une église en construction, sur tous les plans : formation religieuse, humaine, l’évangélisation puisqu’il faut quand même présenter le Christ à ceux qui ne le connaissent pas. Il y a la formation, même intellectuelle. Nos écoles sont aussi pour contribuer à former le togolais. Et puis il y a les oeuvres, parce que nous n’avons pas partout des églises. Il faut former les catéchistes. Et les catéchistes ce n’est pas seulement ceux qui forment les enfants, mais c’est ceux qui tiennent la communauté. Il y a tellement de défis!

 

 

V.E. Faîtes-vous un lien entre vos précédentes paroisses Notre-Dame-des-Affligés, Notre-Dame-des-7-Douleurs, et vos paroisses actuelles Notre-Dame-de-Bon-Secours et Notre-Dame-des-Fontaines?

 

 

Eglise Notre-Dame -des-Sept-Douleurs de Glei, diocèse d’Atakpamé, Togo

 

P.P. Quand j’ai reçu la nomination je me suis posé beaucoup de questions, c’est vrai … Oui j’aime beaucoup la Vierge Marie, mais je crois que c’est elle qui m’aime beaucoup ! Oui, je la considère comme une mère. Et à ma nomination j’ai essayé de méditer et ça m’a permis même de me confier à elle. Donc, elle connaît mieux peut-être la volonté de son Fils sur moi que moi je ne sache ce que le Seigneur veut de moi.

 

Notre-Dame-de-Bon-Secours (Guingamp)            Notre-Dame-des-Fontaines (Pontrieux)

 

 

V.E. Vous avez dit un jour que vous étiez en mission pour que le Christ soit connu et aimé. Avez-vous déjà des projets en ce sens pour nos paroisses? Comment abordez-vous votre nouvelle mission ici?

P.P. Pour moi le Christ ce n’est pas une philosophie, mais c’est une personne à rencontrer. On n’est pas chrétien parce qu’on a appris quelque chose. On est chrétien parce qu’on a rencontré quelqu’un. Donc dans ma prédication, dans ma manière d’être, je voudrais que vraiment les gens qui m’entendent et qui me rencontrent sachent que nous suivons quelqu’un, un être vivant. Et il faut le rencontrer.

Pour ces paroisses, c’est la première année. Je suis en train d’observer, de regarder, mais je crois qu’il faudra essayer de donner le goût d’être chrétien. Puisque j’ai l’impression que beaucoup sont fatigués. Donner le goût… De quelle manière? Pour le moment je ne sais pas. Mais ce qui m’importe : la célébration, les moments de prière, que ce soit vécu pour que nous expérimentions cette présence qui nous entoure, qui est avec nous.

Et là, là je crois qu’il y a une certaine humilité que nous allons cultiver, une humilité parce que c’est une personne qui nous dépasse, qui nous aime. Vraiment Il nous aime. Je le dis, vraiment moi je sens que c’est « Il m’aime ! « . Et quand je sens que les autres ne le sentent pas je m’étonne.

Peut-être c’est ce que beaucoup n’ont pas encore expérimenté. Ils trouvent que c’est des devoirs à accomplir. Mais en venant à la messe par exemple, par la prière, c’est des moments de rencontres personnelles avec Lui, à travers l’étude de la Parole, et c’est tellement beau que vraiment on ne voit pas le temps passer.

 

 

 

V.E. Une de vos qualités? Un de vos défauts?

P.P. Des qualités? Je ne sais pas si j’en ai. Mais un de mes défauts c’est que je ne sais jamais dire non. Je crois peut-être une des qualités c’est que je ne suis pas rancunier et je cherche à comprendre celui qui est en face de moi. Et puis je cherche quand même à donner le meilleur de moi-même. J’essaie.

 

 

 

V.E. Pensez-vous que vous et nous, paroissiens, avec nos qualités et nos défauts, pourrons travailler ensemble à mieux connaître et aimer Jésus?

P.P. Si j’ai pu dire oui à cette mission c’est d’abord parce que je sens qu’il y a une certaine confiance entre nous. Je me sens accueilli et je crois que on peut compter l’un sur l’autre, on peut se faire confiance. Et s’il y a la confiance je crois que on peut travailler et aller loin. Avec la confiance on peut aussi avoir une vision : qu’est-ce que nous voulons pour cette paroisse?

Et puis, s’accepter mutuellement. Parce que moi je ne suis pas un saint. J’aurais des qualités, mais j’ai sûrement des défauts. Les autres ont aussi sûrement des qualités, et ils ont aussi des défauts.

Si nous regardons, nous cherchons dans l’autre ce qui est positif, je crois que nous pouvons avancer et continuer la construction. La paroisse de Guingamp est vieille. Si la Basilique date du XIIè siècle, ce n’est pas une église jeune. Donc nous avons intérêt à continuer le travail abattu par nos ancêtres pour que cette paroisse soit une paroisse belle.

Je ne veux pas rentrer dans d’autres considérations puisque parfois quand on te demande « Tu es dans quelle paroisse? », tu dis « Guingamp », on te répond « Ah ! C’est difficile, hein ?! ». Moi j’aimerais que nous dépassions ça, que nous dépassions l’image apparemment négative de la paroisse.

 

 

 

V.E. Avez-vous des craintes pour votre nouvelle mission?

P.P. Chaque prêtre a des craintes. Comment se positionner pour que la pastorale puisse avancer? En 5 ans je suis le 4è curé, et ça ça me fait peur. Je peux savoir certaines choses qui se sont passées, mais je n’aime pas regarder en arrière. Donc, j’ai peur pour ça : qu’est-ce qui s’est passé, qu’est-ce qui se passe pour qu’en 5 ans je sois le 4è curé? Qu’est-ce que nous allons faire pour dépasser et aller de l’avant? Voilà ce pourquoi je parlais de la même vision. Et notre vision c’est le Christ, c’est Lui, repartir de Lui, chercher à mieux Le connaître, chercher à Le témoigner.

 

    Ecce Homo – Eglise de Plougonver                 Calvaire de l’enclos paroissial de Gurunhuel

 

 

V.E. Le Pape François nous invite à devenir, à la suite de Jésus, des signes et des messagers d’espérance pour tous, en tout lieu et en toute circonstance. Comment pensez-vous que nous puissions répondre à cette invitation dans notre communauté pastorale?

P.P. Il faudrait une ouverture, que chacun s’ouvre et soit accessible à l’autre. Le Pape François invite à être des hommes de la paix. Donc si nous voulons être des porteurs, des missionnaires, il faudrait qu’on regarde ça : comment je suis un homme de paix? Comment j’accueille l’autre? Le plus faible? Nous avons pas mal de cas ici. Je ne dis pas d’aller tous les jours, mais peut-être de temps en temps, voir des personnes qui sont seules, passer un petit temps avec elles. Il y a des personnes qui vivent des moments de solitude ! Nous pouvons être missionnaires de l’espérance en nous ouvrant les uns aux autres, en nous accueillant comme nous sommes. Ce qui fait le drame c’est les jugements que nous portons les uns sur les autres. Etre espérance c’est dire quand même, bon, peut-être on se connaît, mais je te fais confiance, je suis avec toi, on peut marcher ensemble.

 

 

V.E. Quels signes d’espérance voyez-vous d’ores et déjà dans notre communauté pastorale?

P.P. Oui, il y en a. D’abord ceux qui se mettent au service des autres, par exemple les différentes équipes. J’ai été une fois préparer des obsèques dans une maison de pompes funèbres. Je me suis dit : il faut être capable d’ouverture pour accueillir et accompagner, être attentif aux douleurs des autres. Les équipes qui forment les parents qui doivent baptiser leurs enfants : il y a des signes d’espérance qu’ils donnent. Et même les animations : je suis positivement étonné, depuis que je suis là je n’ai jamais célébré une messe sans qu’elle soit préparée. Ce sont des signes qui sont très beaux, et puis pour lesquels peut-être il faudra aussi inviter les gens à intégrer, les personnes vieillissent et il faut un sang nouveau. Un autre signe aussi que je vois, hier j’ai rencontré une catéchiste qui me dit « il y a presque 40 enfants dans une de nos écoles catholiques, qui font de la catéchèse », c’est beau!

 

 

 

V.E. Un mot pour conclure?

P.P. Une invitation à nous faire confiance, à chaque niveau, EAP, CPAE (Conseil Paroissial pour les Affaires Economiques), les différentes équipes, mouvements, associations, faisons-nous confiance. Même s’il y a des différends, trouvons des moyens pour les résoudre, pour vivre cette fraternité. Nous sommes des frères en Christ, comme dit Saint-Jean dans le Prologue, ch. 1, v1 à 18 : nous sommes fils et filles de Dieu, nous ne sommes pas nés du même sang, mais nous sommes fils et filles de Dieu. N’oublions pas cette réalité, et alors cette confiance peut nous faire transcender beaucoup de choses.

 

 

Propos recueillis le 15 octobre 2025 par C.B. pour Vivre en Église, Bevañ en Iliz.

 

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