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Homélie du père Gaëtan Lormel pour le 11e dimanche du Temps ordinaire (B) – 13 mai 2021

Lectures : Ez 17, 22-24 ; Ps 91 ; 2Co5, 6-10 ; Mc 4, 26-34

Frères et sœurs,

Quand Jésus a quitté ses apôtres le jour de l’Ascension, il leur a promis d’être avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde mais, je ne sais pas si vous êtes comme moi, certains jours, nous pouvons avoir du mal à y croire. La lecture des journaux, les informations à la télévision nous disent tellement le contraire. Alors on s’interroge : où es-tu Seigneur quand on tue un peu partout, quand les épidémies comme la Covid 19 conduisent à la mort de nombreuses personnes dans des conditions parfois inhumaines, quand il y a tant de gens affamés jetés à la rue ?

Ce cri de désespoir était celui des habitants de Jérusalem. Déportés en exil loin de chez eux, ils sont complètement désemparés. Leur peuple semble destiné à la destruction. Le prophète Ézéchiel a assisté à la chute totale de son pays mais il annonce à son peuple que rien n’est perdu. Ce qui n’est qu’une minuscule bouture va germer et devenir un grand arbre. Ceux qui sont totalement détruits, Dieu les fera vivre merveilleusement. Le prophète trouve les mots justes pour redonner courage et espérance à son peuple. La haine, la violence et le mal ne peuvent avoir le dernier mot mais c’est l’amour qui triomphera. C’est une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui et rien ne doit ébranler notre foi au Dieu sauveur.

C’est aussi de cette espérance que Paul nous parle dans la 2ème lettre aux Corinthiens (2ème lecture). Les premières années du christianisme ont été marquées par de nombreuses persécutions. L’apôtre Paul rencontre de nombreuses difficultés dans son ministère. Il a l’impression de descendre à la mort. Mais il a la ferme certitude qu’à travers tout cela c’est la vraie vie qui est en train de germer. Le Seigneur nous prépare une demeure éternelle. Il donnera la couronne de gloire à ceux qui auront accompli leur course jusqu’au bout. Ce message de réconfort est aussi une bonne nouvelle pour les chrétiens d’aujourd’hui. Si nous restons reliés au Christ, rien ne peut nous séparer de son amour et nous aussi, nous devons aller jusqu’au bout pour avoir une couronne de gloire. Un peu comme les coureurs du Tour de France : que l’on termine premier ou dernier, tous méritent la couronne.

L’Évangile de saint Marc s’adresse aussi à des chrétiens désemparés. Leur question est de tous les temps : dans ce monde où tout va si mal, où est-il notre Dieu ? Que sont devenues les promesses du Christ ? Comment garder la foi face à toute cette violence ? Saint Marc leur rappelle les paroles de Jésus autrefois. Il leur parle de cette semence qui germe et grandit toute seule. Mais entre les semailles et la moisson, nous le savons bien, il y a beaucoup de temps et il faut vraiment avoir confiance et on peut dire que nos chers agriculteurs sont vraiment des hommes de foi, ils sèment sans savoir si la météo sera favorable mais ils font confiance et avec le temps, leur récolte sera abondante. C’est aussi une manière de dire que le Royaume de Dieu est en gestation. La récolte viendra mais ce sera pour plus tard. Notre Dieu peut paraître absent mais son action est discrète et efficace.

Avec nos yeux et nos oreilles, nous pouvons savoir ce qui se passe dans le monde. Mais pour reconnaître l’action de Dieu, il faut le regard de la foi. Comme les disciples d’Emmaüs, nous reconnaissons la présence du Christ quand il nous explique les Écritures et qu’il nous partage son pain eucharistique. C’est en lui que toute notre vie retrouve son sens. Nous découvrons que même dans les pires épreuves de nos vies, Dieu ne nous a jamais abandonnés.

Concrètement, nous croyons que Dieu agit quand les ennemis enfin se parlent, quand des hommes, des femmes et des enfants sortent du cercle infernal de la rancune et de la violence pour faire des gestes de paix et de réconciliation. Dieu agit quand des savants inventent des moyens pour combattre les maladies. Il est présent quand des équipes s’organisent pour visiter des malades ou des prisonniers. C’est ainsi que les signes de la présence de Dieu sont nombreux. Nous sommes comme le paysan de la parabole. Les choses se passent sans que nous n’en sachions rien et sans que nous comprenions comment.

Quand nous voyons la vie germer, c’est Dieu qui est là et qui agit. Un jour, Jésus a dit qu’il est venu pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Vivre, c’est faire, c’est agir et à certains moments, c’est dormir. Que nous dormions ou que nous nous levions, la semence germe. En attendant la moisson, il nous faut apprendre la patience et surtout la confiance. Faisons ce que nous devons faire et ne nous lassons jamais de semer des graines d’amour, de justice, de paix, de réconciliation…Mais c’est Toi, Seigneur, qui donnes à la semence de pousser et de donner du fruit. Soyons à l’image de ces agriculteurs, semons et je suis convaincu que le temps fera son œuvre et c’est ainsi que notre terre deviendra cet immense jardin de justice, de paix et de fraternité.

Alors demandons au cours de cette Eucharistie que Dieu nous donne la patience pour persévérer dans la construction d’un monde plus juste, plus solidaire afin que son règne vienne dans le quotidien de nos vies. Amen.

Abbé Gaëtan Lormel

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