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Apaiser nos tempêtes ! Homélie du diacre Dominique Faidherbe pour le pardon du Méné-Bré

Dimanche 20 juin 2021, douzième dimanche du Temps Ordinaire (Jb 38, 8-11/ Ps 106/ 2 Co, 5, 14-17/ Mc 4, 35-41)

Le diacre Dominique Faidherbe a présidé la célébration du pardon de la chapelle Saint-Hervé, au sommet du Méné-Bré. Son homélie apporte un autre éclairage aux lectures de ce jour.

Pardon de la chapelle Saint HERVE

 ‘’Tempête’’, mot conducteur dans ces différents textes de la liturgie.

– Dans le livre de Job, elle symbolise la colère de Dieu quand Job ou ses amis argumentent sur la responsabilité de Dieu dans tous les malheurs qui ont frappé Job.

– La tempête décrite dans le psaume peut être vue comme la prophétie de cette scène décrite par Marc souvent résumée : ‘’la tempête apaisée’’.

Paul nous indique le bouleversement qui doit se faire en nous pour suivre le Christ-Jésus , mort et ressuscité.

Revenons à l’Évangile : fatigué par toutes les rencontres de la journée Jésus demande : ‘’ Passons sur l’autre rive !’’ Il est épuisé par toutes les exigences et les souffrances de tant de personnes, et il doit être attentif aux pièges ou aux critiques des pharisiens. La foule entend et ne comprend pas l’importance des paroles de Jésus : ses paraboles ne sont pas toujours comprises ou déformées en restant sur le niveau matériel. Qui parmi eux et les disciples accède vraiment à la vérité et à la portée divine de son message ? ‘’Passons sur l’autre rive !’’… Prenons de la distance et du repos. Ses vrais amis ‘’l’embarquent tel qu’il est !’’ et lui épuisé s’endort aussitôt !

Aller sur l’autre rive, c’est toujours courir un certain risque : pas de bulletin météo en ce temps sur le lac de Tibériade et les vents forts et les turbulences surviennent de façon inattendue !… La tempête les saisit, la barque de pécheur commence à se remplir d’eau. Pas de dramaturgie dans le récit de Marc, toujours très sobre : la tempête, la peur des disciples qui s’empressent de réveiller Jésus… ’’Il menace le vent et crie à la mer : ‘’Silence, Tais-toi !’’  … mais est-ce seulement à la mer qu’est donnée cette brève injonction ? C’est à ses compagnons, comme à la foule des quémandeurs qu’il a laissé sur le rivage, englués dans la même méconnaissance de lui-même qu’il semble aussi s’adresser. Ils sont autant pétrifiés dans la peur que dans l’étonnement de voir la puissance de cet homme sur les éléments. ‘’Qui est-il donc ?’’ ‘’ Le vent et la mer lui obéissent !’’

Ces braves pécheurs, ces amis sincères, bien faibles encore, qui le suivent, c’est aussi chacun de nous ! Tous nous traversons des tempêtes personnelles et nous réagissons comme eux : ‘’ Qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’Il me laisse dans de telles difficultés ? Je suis même venu ici au Méné Bré alors que j’avais d’autres projets !’’

Que ce soit dans le sac, dans le cœur ou dans la tête, chacun de nous a ses ombres et ses pénombres dans la vie familiale ou conjugale, une liasse d’ordonnances pour une santé déclinante, des remèdes éparpillés qui n’ont aucun effet sur le vieillissement ou pour calmer ses inquiétudes sur une mémoire bien lente et sur une efficacité réduite dans les activités…

Et voilà qu’au cours de ces dix huit mois, une tempête générale, mondiale nous secoue et la cause est si petite qu’il faut un microscope électronique pour l’observer ! Nous voilà tous à terre car le train de la vie s’est brutalement arrêté et tout s’est déconnecté… Le temps vécu semble confus, quasi absurde presque irréel… Nous avons tous été reclus ou réquisitionnés. Masques… distanciations… confinement… pandémie… tous ces mots ou maux nouveaux quelle que soit l’orthographe sont autant de vagues qui secouent notre frêle embarcation pas tout-à-fait remise de tempêtes médiatiques ou de scandales trop longtemps relégués ! 18 mois à vivre de façon non prévue, non connue.’’ Mon Dieu que fais-tu ? Nous as-tu oubliés ?’’ Certains vont même jusqu’à prétendre que cette pandémie, que ce virus est une punition… divine !

… Apprendre à se taire…

Jésus nous dit, nous redit : ’’Silence ! Tais-toi !’’ Alors je me suis tu… alors j’ai pu commencer à écouter, à entendre, à comprendre  que dans le silence, l’isolement et le calme je regarde mieux, j’écoute mieux, j’apprécie plus, je juge moins et je suis dans l’attente des autres. La crainte, voire la peur, dans la tourmente cède le pas à une capacité d’approfondissement, à une analyse calme et plus vraie, à une prière authentique. Dialogue ou présentation à Dieu de toutes nos faiblesses, réexamen de toutes nos certitudes, dépoussiérage et élimination de tant de préoccupations ou obligations inutiles pour revenir à l’essentiel. Méditation de l’Évangile et de la parole de Dieu : Qui est-il Celui qui me répète ‘’d’aimer les autres comme Lui nous aime’’ ‘’ d’aimer les autres comme ou plus que soi !’’

… pour rejoindre l’autre !

Réapprenons à nous retrouver avec plus de joie et de sourires, avec plus de tolérance et d’abandon des trop faciles attitudes de critique. Cherchons, chacun et ensemble, les nouvelles façons d’aimer, d’aider, de rejoindre l’autre, qu’il me soit proche ou que je le gardais à distance ! Il ne faut pas, et même c’est impossible, désirer que ‘’tout revienne comme avant !’’ Il nous faut apprécier les appels amicaux de ceux avec lesquels nous avions dans le passé des contacts ‘’techniques’’. Apprends et agis  cette découverte de l’agréable présence de l’autre, des autres car comme le dit Saint Paul suivre le Christ se fait autant ensemble que dans le secret de nos lieux de prières personnelles. Continuons de remercier tous ceux et celles qui ont permis qu’on puisse ne pas être dans le manque du nécessaire lors des confinements. Trop privés des célébrations importantes de la vie liturgique et spirituelle en nos églises, nous en percevons davantage les contenus, leur beauté et leur intensité dans l’approche de Dieu. Ne gâchons pas ce temps bousculé qui nous obligeait à accepter de différer nos désirs et nos attentes : repensons aux vraies urgences dans nos vies quotidiennes ; elles reprennent une dimension plus spirituelle, plus essentielle : elles nous aident à distinguer l’indispensable et le superflu ! Transformons ce superflu en disponibilité à offrir, en recherche des besoins de ceux qui sont en véritable manque dans de nombreux domaines. Là se situent notre foi et notre dimension baptismale.

‘’Silence, Tais-toi !’’  Oui Seigneur… Amen !

Dominique FAIDHERBE, diacre     

 

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