Chapelle de Locmaria en Belle-Isle-en-Terre : une visite contée nocturne

Ewen Rabier et le public
Présentation de documents
Ewen Rabier, jeune bellislois passionné d’histoire, anime toute l’année des événements autour du patrimoine, animations nommées « Chemins du Trégor ». Le vendredi 20 décembre 2024, il a présenté au public les particularités et l’histoire de la chapelle de Locmaria à Belle-Isle-en-Terre. Une plongée dans l’histoire locale, évoquant également des personnages emblématiques tels que Lady Mond et les ouvriers des Papeteries Vallée.
La chapelle de Locmaria en nocturne
Le public s’est réuni à 18h dans la belle la chapelle médiévale de Locmaria, à Belle-Isle-en-Terre, pour une soirée empreinte d’histoire et de légendes.
Ewen Rabier, historien des Chemins du Trégor, a plongé les participants dans l’histoire locale, évoquant des personnages emblématiques tels que Lady Mond et les ouvriers des Papeteries Vallée.
La soirée a débuté par une présentation détaillée de la chapelle et de l’histoire de Belle-Isle-en-Terre, avant de se poursuivre avec un récit sur la vallée du Léguer et le patrimoine qui l’entoure.
Vers 18h45, un moment de convivialité autour d’un verre a permis aux visiteurs d’échanger librement et de découvrir une collection de photographies anciennes et contemporaines, ajoutant une dimension visuelle et émotive à cette soirée chaleureuse.
La chapelle Itron Varia Penn-dreo
Chapelle No-D de Penn-Dreo – Locmaria en Belle-Isle-en-Terre ; à dr. : mausolée de Lady Mond
Surplombant fièrement la vallée du Léguer, la chapelle Notre-Dame de Pendréo, dite de Locmaria, est l’un des joyaux du patrimoine de Belle-Isle-en-Terre. Ce sanctuaire, datant des XVe et XVIIe siècles, invite à un voyage dans le temps et l’histoire, entre spiritualité et art.
Avant même de pénétrer dans l’édifice, notre regard s’attarde sur le vieux cimetière qui l’entoure, puis sur le somptueux mausolée de Lady Mond, qui rappelle le lien entre cette figure emblématique de Belle-Isle et ses habitants.
À l’intérieur, la chapelle dévoile toute sa splendeur. Le jubé polychrome, véritable chef-d’œuvre, capte immédiatement l’attention par ses couleurs et ses détails finement sculptés. Les sablières, ornées de motifs qui racontent la vie quotidienne et les croyances des anciens, invitent à lever les yeux pour découvrir la richesse du plafond en bois. Enfin, le chœur, tout en sobriété et en élégance, est un espace où l’âme trouve refuge.
La pierre et le bois semblent imprégnés de récits, ils vibrent au son des cantiques chantés ici depuis des siècles. Aujourd’hui encore, la chapelle reste un lieu de mémoire, de recueillement et de transmission, rassemblant les Bellislois d’hier et d’aujourd’hui autour d’un héritage commun.
Portraits croisés de Lady Mond et Sainte Marie de Ste-Nathalie, tels que contés le 20 décembre
Entrez dans la chapelle de Locmaria à Belle-Isle-en-Terre, contemplez la statue de Sainte Marie de Sainte-Nathalie ou les vitraux offerts par Lady Marie-Louise Mond, et marchez dans les pas de ces protagonistes de notre histoire locale. Les deux femmes ont en apparence peu en commun, mais vous verrez que l’exercice du « portrait croisé » a son intérêt.
Ces deux bellisloises de la même génération se connaissaient certainement de vue. Marie-Louise Le Manac’h (1869-1949) naquit au moulin de Prat Guégan ; Jeanne-Marie Guerguin (1864-1900) à la ferme de Coat Malouarn. Elles étaient toutes deux issues de milieux modestes et voulurent s’extirper de leur condition à l’âge adulte. C’est plus exactement en 1887 qu’elles partirent pour la capitale à la recherche d’une nouvelle vie : Marie-Louise y fut d’abord domestique, mais se rêvait modèle ; Jeanne-Marie s’y rendit pour suivre sa vocation religieuse sous le nom de Sœur Marie de Sainte-Nathalie, et espèrait voyager comme missionnaire pour aider les nécessiteux.
Dans les années 1890 mademoiselle Le Manac’h était au centre de l’attention, tour à tour muse d’artistes parisiens, compagne d’un marchand puis d’un prince, objet d’admiration ou de scandale. Son ascension sociale et sa célébrité naissante nourrirent bien des légendes !
Sœur Marie, elle, menait une vie faite de prière, de tâches quotidiennes et de voyages dans différents couvents des Franciscaines Missionnaires de Marie.
L’année 1900 fut un grand tournant. Marie-Louise voyageait alors à travers l’Europe aux côtés du prince Antoine d’Orléans, son amant. Pendant ce temps, Sœur Marie était en mission chrétienne en Chine. Lors d’une violente révolte populaire elle vit son couvent attaqué. Capturée avec ses sœurs, elle fut martyrisée et exécutée dans la province de Shanxi.
Marie-Louise, ne revint en Bretagne que dans les années 1920, pour ses vieux jours. On l’appelait désormais Lady Mond, épouse de l’industriel britannique Sir Robert Mond. Elle s’éteignit en 1949, à 80 ans, dans le château qu’elle avait fait bâtir à Belle-Isle-en-Terre. Attachée à ses racines, elle n’avait jamais oublié ni délaissé les Bellislois, qui se souviennent encore d’une femme hautement généreuse et bienveillante.
Le moins que l’on puisse dire c’est que ces deux personnalités ont marqué l’histoire locale. En 2000 Jeanne-Marie Guerguin fut canonisée par le pape Jean-Paul II, elle est désormais « Sainte Marie de Ste-Nathalie ».
Aujourd’hui, leurs mémoires sont intimement liées à la chapelle de Locmaria. La statue et le vitrail consacrés à Jeanne-Marie Guerguin côtoient le somptueux mausolée de Lady Mond. Deux figures remarquables, aux parcours extraordinaires, qui veillent encore sur leur ville, chacune à leur manière, unies dans le souvenir des Bellislois.
Ewen Rabier
NB : On trouvera également sur ce même site Internet de la Communauté Pastorale un article de Jean-Jacques Tilly, avec texte et photos, présentant la chapelle de Locmaria : Belle-Isle-en-Terre : la chapelle de Locmaria – Paroisses du pays de Guingamp
Remercions Ewen pour sa contribution à la connaissance de notre patrimoine sacré (et au-delà) : connaître nos racines nous aide à progresser vers l’avenir.