D’une épidémie à l’autre … c’était il y a 100 ans !
Alors que la guerre 14/18 s’achève avec son hécatombe de morts, entre avril 1918 et mai 1919, la grippe espagnole, dernière grande pandémie, tue pendant cette année environ 400 000 personnes en France, 15 à 20000 en Bretagne, en comparaison nous en sommes aujourd’hui (février 2021) avec la Covid-19 à bientôt 79000 morts en France. À Quemper-Guézennec on peut estimer que d’avril 1918 à mai 1919 cette épidémie aurait fait plus de 20 victimes.
En 1919, chez nos grands-parents agriculteurs à Kergoc, Charles Thomas et Amélie Le Bescond, « cette sale grippe dite espagnole » atteint deux de leurs cinq enfants : Maryvonne, 16 ans et Laurent, 13 ans. Devant ce mal qui décime la population, leurs parents font le vœu que, si les enfants guérissent, ils élèveront une chapelle en l’honneur de saint Sébastien, qui s’avère être invoqué pour lutter contre la peste et les épidémies en général.
La chapelle sera construite en 1924 par les maçons Jean et François Piriou de St-Clet, Les pierres pour la construction viendront de la carrière de Kermodest en Quemper.
Dans la chapelle, l’autel et les deux statues de Saint Sébastien et de Saint Laurent proviennent de l’ancienne église du XVème siècle de Quemper-Guézennec. Lors de sa démolition en vue d’une nouvelle en 1868, les statues furent placées dans les familles en attendant leur réintégration dans la nouvelle église. Plusieurs de ces statues n’y trouvèrent pas place car trop vétustes. Ce fut le cas pour ces deux statues et pour l’autel, qui restèrent donc dans la famille. On y trouve en plus une statue de saint Christophe, de sainte Thérèse de Lisieux et de saint Yves. Une particularité : dans une petite niche à droite de l’autel se trouve une croix en laiton, croix que l’on plaçait près du corps des petits-enfants décédés prématurément.
Il est remarquable que dans les trois chapelles existant encore à Quemper-Guézennec, sur une douzaine de chapelles construites au cours des siècles, est vénéré saint Sébastien invoqué contre les épidémies : la chapelle de Saint-Maudez, la chapelle de Pabu-Vihan et la chapelle de Kergoc.
Jusque dans les années 1980 il était de coutume durant le mois de mai, d’y invoquer Marie. Se retrouvaient là, famille, voisins et amis en fin de semaine.
J-C Thomas