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Homélie pour le dimanche 4 mars 2021 (4e dimanche de Carême-B)

Homélie du diacre Maurice Échevest. Lectures : 2 Ch 36, 14-16. 19-23/ Ps 136/ Ep 2, 4-10/ Jn 3, 14-21.

En ce quatrième dimanche de Carême, l’antienne d’ouverture dit ceci : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! Ainsi vous serez nourris et rassasiés de l’abondance de sa joie. » (Is 66, 10. 11)

Ce dimanche est encore appelé, le dimanche de Laetare en référence à l’injonction de cette antienne : Réjouissez-vous !

Pourtant en écoutant l’Évangile de ce dimanche et surtout la première lecture, nous avons du mal à nous réjouir, tant les infidélités du peuple de Dieu qui y sont décrites sont nombreuses et semblent ne jamais cesser.

Mais si nous les regardons plus attentivement, nous pouvons y découvrir un visage de Dieu plein de miséricorde.

Dieu pardonne !

La première lecture nous décrit un peuple qui s’est visiblement éloigné de Dieu, allant jusqu’à profaner la Maison du Seigneur dans la ville sainte de Jérusalem. En rejetant les avertissements des prophètes envoyés pour l’avertir de sa mauvaise conduite, ce peuple provoque la colère du Seigneur. Il s’en suit la déportation à Babylone où il est réduit en esclavage pendant 70 ans. Pourtant, le Seigneur revient de sa colère et inspire au roi Cyrus de laisser le peuple d’Israël revenir vers son pays pour y rebâtir le temple qui avait été détruit. Dieu pardonne !

«  … pour que, par lui, le monde soit sauvé ! « 

Dans son entretien  avec Nicodème, Jésus fait allusion au serpent de bronze confectionné par Moïse dans le désert pour sauver le peuple rétif des morsures des serpents. C’est l’occasion pour Jésus d’annoncer sa mort sur  la croix pour le rachat de nos péchés. Tout comme le peuple de l’exode pouvait échapper à la mort en regardant le serpent de bronze, de même, tous ceux qui tourneront leur regard vers la croix de Jésus et qui mettront en lui leur foi, obtiendront la vie éternelle. Car, dit Jésus, « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Cette autre phrase éclaire notre questionnement à propos du jugement : « Celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ». Ainsi, ce n’est pas Dieu qui juge ; c’est chacun de nous qui forgeons le jugement qui nous concerne.

Comme pour confirmer cela, Jésus oppose les œuvres des hommes ; les bonnes et les mauvaises ; celles, peu glorieuses qui sont accomplies dans les ténèbres, et, au contraire celles, qui en toute limpidité, ne craignent pas la lumière car « elles sont accomplies en union avec Dieu ».

La patience de Dieu

On s’aperçoit donc que Dieu respecte avant tout la liberté de l’être humain. Certes, il l’appelle à le suivre, à écouter sa Parole à travers la Parole de Jésus, à mettre en pratique ses commandements. Surtout, il l’invite à vivre dans la lumière de ce Fils qu’il envoie dans le monde pour éclairer notre route. Dieu connaît son peuple, il l’aime et il veut pour lui le bonheur. Il se désole cependant de le voir s’écarter du projet qu’il a formé pour lui. Mais il se refuse à le condamner définitivement car sans cesse, il espère le voir revenir à de meilleures dispositions. Cette attitude patiente de Dieu nous rappelle la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11-32). Cette parabole nous montre ce père aimant qui guette le retour de son fils égaré par son désir de liberté. Dès que le père aperçoit celui-ci sur le chemin du retour, il se jette à son cou, le rétablit dans sa dignité de fils et le réhabilite dans son cœur de père ! Dieu pardonne !

St Paul dans sa lettre aux Ephésiens, l’affirme avec force : « Dieu est riche en miséricorde… nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. » La grâce de Dieu, ne nous enferme pas dans la faiblesse de notre condition humaine. Elle nous élève au contraire vers lui, afin que nous vivions de sa vie divine.

Oui, Dieu pardonne. Sa porte reste ouverte. Sa miséricorde est toujours offerte. Il attend patiemment notre libre décision de revenir vers lui. Dès lors, c’est lui qui vient à notre rencontre pour nous rétablir dans son amour.

Si donc Dieu pardonne sans se lasser, comment pourrions-nous ne pas nous pardonner les uns aux autres ? Comment pourrions-nous rester enfermés dans les ténèbres du ressentiment et de l’inimitié plutôt que de venir à la lumière de la réconciliation qui libère ?

Si nous en sommes capables, alors oui, nous pouvons, même en ce temps de Carême, nous réjouir et exulter d’allégresse, car Dieu qui ne cesse ne nous aimer, nous invite, encore et toujours, à nous aimer les uns les autres.

Maurice ÉCHEVEST – Diacre      

Prière pour prolonger la méditation

Prière pour obtenir la grâce du silence

« Seigneur, accorde-moi non pas le silence qui me rend prisonnier de moi-même
…..mais celui qui me libère et m’ouvre des espaces nouveaux,
Non pas le silence du corps épuisé par les paradis artificiels
…..mais celui de l’âme qui respire au seuil de ton Royaume,
Non pas le silence de la peur des autres et du monde
…..mais celui qui me rend proche de tout homme et de la création,
Non pas celui de l’égoïsme froid, indifférent et hautain
…..mais celui qui enracine, fortifie et purifie la tendresse du cœur,
Non pas le silence de l’absence vide, du monologue solitaire
…..mais celui de la rencontre, de l’intimité en ta Présence,
Non pas le silence des exclus, des sans voix
…..mais celui qui nourrit la force des peuples qui se lèvent,
Non pas le silence de l’homme qui rumine ses échecs
…..mais celui qui réfléchit pour en découvrir les causes,
Non pas le silence de la nuit du désespoir
…..mais celui qui attend la lumière de l’aurore, de l’espérance,
Non pas le silence de la rancune, de la haine, de la vengeance
…..mais celui de l’apaisement et du pardon,
Non pas le silence du bavard, rempli de mots, de lui-même
…..mais celui du cœur qui écoute le murmure de ton Esprit,
Non pas le silence envahi par trop de questions sans réponses
…..mais celui de l’émerveillement et de l’adoration,
Non pas le silence de l’oubli, du tombeau, de la mort
…..mais celui où la matière se charge des énergies du Ressuscité dans l’attente d’une vie nouvelle dans Ta lumière… »

Fr. Michel HUBAUT

 

 

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