Homélie de la vigile pascale 2021 à la basilique de Guingamp – Homélie du diacre Benoît Rault
Ce samedi 3 avril, à 16 heures en raison du confinement, une belle assemblée s’est réunie à la basilique Notre-Dame de Bon Secours, à Guingamp, pour une « veillée » pascale un peu différente puisque normalement elle aurait dû avoir lieu à la tombée de la nuit. La messe était célébrée par le père Guy Marzin en présence des diacres Maurice Échevest, Chrystophe Tanvez, Jef Philippe et Benoît Rault. Ce dernier est responsable diocésain du catéchuménat (préparation d’adultes au baptême). C’est à ce titre qu’il était invité à prononcer l’homélie que l’on trouvera ci-dessous.
En effet, deux adultes, Rachid et Sofiane, ont au cours de cette messe reçu les sacrements du baptême et de la confirmation, et ont pu communier pour la première fois. C’est en partie à eux et à leurs proches que s’est adressé Benoît Rault.
Chers frères et sœurs en Christ, Chers Rachid et Sofiane,
Avant de célébrer vos baptêmes, votre confirmation et de partager avec vous l’eucharistie, Rachid et Sofiane, nous venons de nous immerger dans une longue histoire : l’histoire de la création du monde, l’histoire de la libération d’Égypte, l’histoire des femmes face au tombeau vide…
En faisant ce long retour sur le passé, sur ce que nous appelions autrefois « l’Histoire sainte », nous voulons signifier que toute l’Histoire est sainte et que toutes les histoires sont saintes : celle du monde, les vôtres, la mienne, celle de chacun de nous rassemblés aujourd’hui. Nos histoires sont saintes, non pas parce qu’elles sont parfaites, loin de là, mais parce qu’elles sont le lieu où Dieu offre de se révéler. Cette révélation a été faite de la manière la plus éclatante dans la vie, la mort et la résurrection de son Fils Jésus-le Christ !
Même si le souvenir est nécessaire, ce retour que nous faisons par le passé n’est pas qu’un acte de mémoire. Il nous permet surtout de dessiner un avenir. C’est en cela que toute liturgie est un mémorial. Se souvenir des merveilles que Dieu a réalisées dans l’histoire des hommes, dans l’histoire du Christ et dans notre propre histoire pour les rendre actuelles et en vivre aujourd’hui et demain !
C’est pour cela que, au fil de cette semaine sainte, nous avons tenté de suivre pas à pas le Christ depuis les derniers jours de sa vie terrestre jusqu’à cette victoire de la vie sur la mort. Car, la plus grande merveille que Dieu ait accomplie est la résurrection de son Fils !
Nous revenons vers ces souvenirs pour nous ouvrir à l’avenir. Nous sommes habitués à entendre et à proclamer que le Christ est mort pour nous. Oui nous le croyons, mais il est aussi ressuscité pour nous !
Dans la lettre aux Romains que nous venons d’entendre, Paul affirme :
« Si, par le baptême, nous avons été mis au tombeau avec Lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle nous aussi comme le Christ ».
Rachid et Sofiane, par le baptême dans lequel vous allez être baignés dans un instant, vous allez plonger dans la mort et la résurrection du Christ. Devenir chrétien, devenir membre de son corps, c’est croire au Christ bien entendu mais c’est aussi vivre de sa vie nouvelle, c’est prendre à son compte tout ce qui le concerne, c’est se laisser habiter par lui pour devenir, « un petit christ » comme disait Tertullien, un des premiers pères de l’Eglise.
Quand nous pensons à la résurrection, nous la situons, et c’est essentiel, dans l’au-delà, au terme de notre vie terrestre. C’est l’espérance chrétienne dont nous témoignons lors de funérailles.
Mais Paul, encore dans la lettre aux Romains, élargit la perspective. La mort n’est pas seulement la mort physique, le terme de la vie, mais le péché :
« Car lui qui est mort c’est au péché qu’il est mort »
Sous la plume de Paul, les termes mort et péché peuvent être mis en équivalence. Dieu est vie et se couper de lui par le péché c’est nous éloigner de la source même de la vie. Si la mort n’est pas que la mort physique, la résurrection n’est pas non plus à attendre au-delà de notre vie terrestre. La résurrection est à vivre ici et maintenant ! L’avenir que nous ouvre le Christ est à réaliser au présent.
Le plongeon que vous allez faire dans les eaux du baptême Sofiane et Rachid vous communique la vie même du Christ et vous libère du péché au sens où le baptême vous rend totalement disponibles, ouverts à la vie de Dieu.
Le baptême vous recrée, il fait de vous des créatures nouvelles. Cette résurrection, vous est offerte dans votre liberté, au plus intime de votre propre histoire. C’est là que le Christ s’est révélé et c’est là qu’il veut demeurer et vous faire vivre de sa vie totalement ouverte au projet d’amour de Dieu.
En se faisant homme en Jésus, Dieu invite chaque homme et chaque femme à manifester son visage. Il fait avec nous. Par votre baptême vous allez faire mourir tout ce qui vous éloigne de ce projet et accueillir la vie du Christ. Par votre confirmation Dieu va vous donner son Esprit pour vous communiquer son élan et par l’eucharistie vous serez invités, autant de fois que vous le souhaiterez, à venir vous nourrir de l’amour du Christ et devenir son corps pour annoncer le salut au monde. Ce salut qui n’est pas qu’un sauvetage mais la participation intime, personnelle et communautaire à la vie même de Dieu, la vie du ressuscité !
Comme je le disais tout à l’heure, par ces trois sacrements que vous allez recevoir, vous allez devenir des Petits Christs, vous allez participer comme chacun de nous, à sa triple dignité de prêtre de prophète et de roi !
Car, tous, nous sommes prêtres et donc chargés de faire vivre l’Alliance entre Dieu et l’homme. Tous nous sommes prophètes et responsables d’annoncer cette Alliance et de dénoncer ce qui en éloigne. Tous nous sommes rois car appelés à nous mettre au service du bien commun de nos communautés. Pour devenir des « Petits Christ » vous pouvez aussi vous laisser guider par les Béatitudes (Matt 5,1-12 et Lc 6,20-23) car elles dressent le portrait même du Christ et dessinent la résurrection déjà à l’œuvre dans les pauvres de cœurs, les doux les artisans de paix, les cœurs purs, les miséricordieux, les persécutés pour la justice.
Pour terminer, je vais me permettre, Rachid, un souvenir qui nous est commun : lors de l’appel décisif de l’an passé, à l’église St Yves de Saint Brieuc, tu t’étais étonné que la croix ne porte pas la figure du Christ. On peut se dire aujourd’hui que c’est naturel : ressuscité, le Christ n’est plus sur la croix ! et aujourd’hui, le Christ c’est vous, tous les deux ! Amen. Alléluia, Christ est ressuscité ! Alléluia, Sofiane et Rachid sont ressuscités !
Benoît RAULT – diacre – Responsable diocésain du Catéchuménat.
Le père Guy Marzin, au milieu, entouré de Sofiane et Rachid.
Prière de Charles Singer pour prolonger la méditation
Matin de Pâques où Dieu s’est levé…
« Matin de Pâques,
où Dieu s’est levé pour rouler les pierres qui retiennent ceux qui ont faim de Vivre ;
pour ouvrir les portes qui enferment ceux qui ont soif de justice ;
pour rendre l’espoir à tous les humains et tracer devant eux le chemin qui mène à la vie.
Matin de Pâques,
où Dieu relève l’homme des ténèbres qui écrasent les élans de l’espoir,
des maladies qui ébranlent l’envie de vivre, de la peur de l’autre qui attise la haine,
du regard qui brise la confiance et la dignité, des idées arrêtées qui divisent familles et nations.
Matin où Dieu relève l’homme et lui permet de regarder son avenir en face.
Matin de Pâques, où je me lève pour me dresser contre ce qui opprime et proclamer la liberté ; pour m’élever contre le désespoir et partager l’espérance ; pour protester contre le non-sens et communiquer l’Amour qui relève et donne la vie ; pour annoncer la joie d’être ressuscité et le bonheur de vivre debout ».