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Le Monument aux Morts de Coadout

Monument aux morts CoadoutMonument aux Morts de Coadout 

 

Ce monument, situé dans le porche de l’église Saint-Iltud, fut béni en 1920. L’initiative en revenait à l’abbé Menguy, recteur depuis 1919. Voici ce qu’on lit dans le Cahier de Paroisse.

« M. l’abbé Menguy, lisant sur la physionomie de ses paroissiens le grand vide que la Grande Guerre avait creusé parmi eux, pensa adoucir leur douleur en faisant revivre devant eux le souvenir de ceux qu’ils pleuraient. Il fit donc part de son désir de voir ériger un monument aux morts pour la patrie à M. le Comte Du Roscoat. Ce dernier lui remit la somme de 1000 F votée par le Conseil Municipal à cet effet et laissa au recteur l’initiative et le soin de mener le reste à bien. En 15 jours M. l’abbé Menguy ramassa par souscription les 1900 F qui lui manquaient. M. Le Merrer, sculpteur à Lannion, lui demandait 2900 F.

Le monument placé au porche de l’église fait honneur à l’artiste breton et mérite d’être signalé parmi les plus gracieux et les plus imposants de la région. Il fut béni le lundi 12 avril 1920 par M. le chanoine Le Men, curé archiprêtre de Guingamp, entouré d’un nombreux clergé. Ce fut un grand jour pour Coadout, celui de la reconnaissance envers ses enfants morts pour la patrie.

Au repas servi au presbytère, après différents toasts prononcés par M. le recteur, M. le Maire, Dir Na Dor* et Digabestr*, deux enfants de la région, ont bien voulu célébrer leurs amis et concitoyens morts au champ d’honneur, en deux poésies bretonnes remarquables. »

Deux guerres mondiales : 43 noms gravés dans le marbre

Ce monument comporte, gravés dans trois plaques de marbre rose, les noms de 39 soldats morts durant la première guerre mondiale (1914-1918), et ceux de 4 soldats morts durant la seconde guerre mondiale (1939-1945). On y relève l’inscription : Aux enfants de Coadout morts pour la France –1914 -1918. La plaque centrale, qui porte le nom du marbrier guingampais Auffray, a évidemment été ajoutée après 1945 : elle établit le lien avec deux générations de soldats ayant donné leur vie pour la patrie.

Coadout Monument aux morts Plaques (assemblage)
Monument aux Morts de Coadout (assemblage de photos)

Pour ce qui concerne la guerre 1939-1945, trois coadoutais morts en captivité (Charles Mahé, Yves Jégou et Iltud Simon), et un autre (Marcel Savidan) mort au combat sont également mentionnés sur une petite plaque de marbre située de l’autre côté du porche, près de la porte d’entrée de l’église et portant la signature de Le Fèvre-Le Charpentier. Cette plaque a dû précéder celle d’Auffray.

panneau 39 45 Coadout

Éléments symboliques

Des éléments symboliques sont à signaler. En effet, trois écussons sculptés apparaissent aux sommets des piliers qui structurent le monument. De gauche à droite, il y a successivement un écusson couronné portant trois lis, puis un autre avec deux lis de part et d’autre d’une épée pointée vers le haut où se trouve une couronne ; enfin, l’écusson couronné situé à droite porte six hermines.

Devises Monument CoadoutÉcussons portant les devises en breton (montage de photos)

 

Le lis évoque entre autres l’innocence, la pureté de la jeunesse qui a donné sa vie. C’est un symbole royal, souvent associé à la Vierge Marie.

L’épée, associée à la mort des soldats, est symbole de bravoure au service de la patrie.

La couronne peut faire penser à celle du Christ en croix, auquel sont configurés les soldats tués à la guerre.

Quant aux hermines, elles représentent la Bretagne, dont une grande partie de la jeunesse a laissé sa vie dans cette guerre.

Chaque écusson est orné d’un phylactère avec des inscriptions en breton (de g. à d.) : Evit Doue hag ar vro (pour Dieu et la patrie), War roc bepret (en avant toujours), Treitour biken (traître jamais). Ce recours au breton pourrait être le signe de l’influence de Dir Na Dor, très engagé dans la culture bretonne et lui-même ancien combattant.

 

Le pilier central sert de socle à une statue de Jeanne d’Arc, très populaire à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Cette sainte symbolise à la fois le combat contre l’envahisseur et le recours à la foi chrétienne.

Statue Jeanne D'Arc CoadoutMonument aux Morts de Coadout : la statue de Jeanne d’Arc

Au mur opposé se trouve une statue de la Vierge de Pitié ou pietà : Marie tenant sur ses genoux le corps de Jésus descendu de la croix. C’est un signe exprimant la compassion de Dieu envers les victimes des guerres.

pietà du porche

La pietà

Précisons par ailleurs que le soldat Yves Le Guilloux, mort à la guerre 14-18, a trouvé dans le cimetière de Coadout son lieu de repos, adossé au mur nord du cimetière. On lit sur sa plaque mortuaire : « Ici repose Yves Le Guilloux du 9e Zouave mort pour la patrie à Soissons le 18 juillet 1918, âgé de 25 ans – Regrets ». Ce rapatriement de corps n’est pas rare, mais il n’est pas fréquent non plus, beaucoup de corps ayant été rassemblés dans des cimetières militaires sur les lieux mêmes des combats.

 Tombe d'Yves Le GuillouTombe d’Yves Le Guilloux au cimetière de Coadout

Enfin, une plaque apposée à un muret près de la mairie porte le nom de « Place du 19 mars 1962 », date de la fin de la guerre d’Algérie suite à la signature des accords d’Évian ayant eu lieu la veille. La plaque est à son emplacement actuel depuis le 11 novembre 2011. Ce n’est pas un « monument aux morts », la Guerre d’Algérie n’ayant heureusement pas fait de victime coadoutaise.

Coadout Plaque Algérie

 

 

Notes

On trouvera des listes de noms et autres précisions sur divers sites Internet, dont ceux-ci :

Monument à Coadout | Les monuments aux morts (univ-lille.fr)

Cimetières & Monuments aux morts – Geneanet

 *Dir Na Dor (Acier de rompt) : nom de plume d’Yves Le Moal / Erwan Ar Moal, important écrivain breton né et mort à Coadout (1874-1957) ; voir notre article sur les croix de Coadout : https://www.paroissespaysdeguingamp.catholique.fr/blog/2022/10/15/les-croix-de-coadout-cotes-darmor-22/

*Digabestr (Libre) : nom de plume de Marie-Joséphine Milon (1880-1964), femme de Coadout ayant apporté son aide à Dir Na Dor et aux activités paroissiales en diverses occasions. Elle a publié deux textes en breton. (Cf Lukian Raoul : Geriadur ar skrivagnerien ha yezhourien / Dictionnaire des écrivains et linguistes en langue bretonne – Al Liamm, 1992).

 

Jef Philippe

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